Salarié ou indépendant, un dilemme insoluble?

Faut-il créer une nouvelle catégorie de travailleurs? Selon l’Organisation mondiale du travail, l’emploi standard avec un contrat à plein-temps et de durée indéterminée ne concerne déjà plus que 25% de la main-d’œuvre mondiale.

Les livreurs Smood viennent d’obtenir de meilleures conditions de travail. Un événement important tant le débat sur le statut des travailleurs de ces plateformes n’en finit pas depuis l’arrivée d’Airbnb et d’Uber – celui-ci a d’ailleurs donné son nom à un phénomène qui a bouleversé le monde du travail: l’ubérisation. Cette mise en relation directe des professionnels avec leurs clients concerne aujourd’hui de nombreux secteurs, de la livraison de repas au personnel de ménage. Avec toujours cette même question que les tribunaux doivent trancher: quel statut donner à ces professionnels?

Pour faire court, la législation suisse en reconnaît deux: le travailleur salarié ou indépendant. Ce dernier assume le risque économique de son activité, possède plusieurs clients et détermine librement les modalités de ses mandats. Quant au salarié, il exécute un travail en position de subordonné sans assumer de risque économique. Dans le cas de ces plateformes, on a souvent affaire à un mélange des genres.

Le sujet occupe aussi nos parlementaires fédéraux: faut-il créer une nouvelle catégorie de travailleurs? Selon l’Organisation mondiale du travail, l’emploi standard avec un contrat à plein-temps et de durée indéterminée ne concerne déjà plus que 25% de la main-d’œuvre mondiale ! Le reste entre dans la catégorie du travail dit «flexible». En réalité, avant d’être économique, l’enjeu est politique car il concerne toute la société. Ne laissons pas les juristes réinventer le monde du travail à notre place.