Chasse aux sorcières

Les appels au boycott se multiplient, sans distinction. Honte à ces multinationales qui osent faire leur beurre sur le dos des victimes de guerre. Honte à un acteur suisse en particulier sur qui les attaques se concentrent: Nestlé.

Ça y est, la chasse est ouverte, la meute à l’affût. On traque, et on tir à l’aveugle sur tout ce qui bouge. Ici, celles et ceux qui parlent russe (ou serait-ce de l’ukrainien?), là-bas les entreprises occidentales qui ont décidé de garder des activités, même réduites, sur le territoire russe. Les appels au boycott se multiplient, sans distinction. Honte à ces multinationales qui osent faire leur beurre sur le dos des victimes de guerre. Honte à un acteur suisse en particulier sur qui les attaques se concentrent: Nestlé.

Toutefois, ces inquisiteurs d’un nouveau genre omettent un détail, petit mais important. Le géant de l’agro-alimentaire ne produit pas que des chocolats ou du café dont il a d’ailleurs annoncé la fin de la commercialisation en Russie. Il fournit également, par exemple, du lait pour bébé. Au nom de quel principe supérieur un nourrisson de Russie, ou d’ailleurs, peut-il être privé de nourriture?

Un autre argument avancé par les chasseurs de sorcières affirme que les profits supposément générés par Nestlé dans cette «opération spéciale» permettraient de financer la guerre de Poutine. Vraiment? Le paiement d’un quelconque impôt au Kremlin réalisé aujourd’hui ne serait versé que l’an prochain, au mieux. Alors qu’en nous chauffant et en roulant, on la finance de manière bien plus efficace. Finalement, à force de courir après le mauvais lièvre, ce sont nos principes que l’on finit par chasser.