S’essouffler, c’est bon pour la santé!

ACTIVITE PHYSIQUE • Cela paraît complètement contre-intuitif, mais à l’inverse de l’idée communément répandue, s’essouffler, c’est bon pour la santé! Et la recommandation s’applique avant tout à ceux qui… ont des difficultés respiratoires.

On a tous dans notre entourage plus ou moins proche, quelqu’un qui, en raison d’une maladie, s’essouffle au moindre effort. Emphysème pulmonaire, obésité, insuffisance respiratoire liée au tabac, insuffisance cardiaque, asthme, séquelles d’un infarctus du myocarde… les causes des difficultés respiratoires chroniques sont nombreuses. Et elles aboutissent toutes au même résultat: aussi bien la personne qui en souffre que son entourage ont tendance à chercher à limiter les déplacements et les efforts physiques pour empêcher un essoufflement, perçu comme une invitation au repos. Résultat: recours systématique à la voiture, à l’ascenseur, limitation de la marche, etc.

Or c’est justement là que réside le problème, car c’est exactement… ce qu’il ne faut pas faire. Tout simplement parce que s’essouffler est en réalité bon pour leur santé. Alors bien sûr, il ne s’agit pas de s’engager dans un marathon ou dans des activités physiques très intenses, mais bel et bien de s’astreindre à des efforts réguliers et quotidiens qui solliciteront modérément le système cardio-pulmonaire.

A l’échelle d’un malade, il s’agit donc de reproduire le type d’effort que l’on attend d’un joggeur ordinaire. Ainsi, un bon indicateur de l’intensité de l’effort requis est que celui-ci doit être compatible avec la possibilité de parler et de mener une conversation normale.

Entraînement modéré

Si vous souffrez donc de difficultés respiratoires chroniques, les moyens de vous entraîner sont légion, à vous de les adapter à votre cas particulier et à votre rythme: monter les escaliers à votre rythme, marcher, éviter autant que possible la voiture, descendre des transports en commun un, voire deux arrêts avant, etc.

Pratiqués trois ou quatre fois par semaine, et même plus quand cela est possible, ces petits exercices, aussi minimes soient-ils, vous essouffleront modérément, signe que votre système cardio-vasculaire est tout simplement en train de s’entraîner: cœur, poumon et muscles travailleront et s’amélioreront ainsi progressivement avec pour résultat qu’au bout de quelques semaines, vous risquez bel et bien de… moins vous essouffler et de bien mieux vous sentir dans votre peau.

Avec la collaboration du Pôle prévention et promotion de la santé - Réseau Santé Delta. www.reseau-delta.ch

Avis du spécialiste: Docteur Marc-André Raetzo Spécialiste FMH en respirologie

Pourquoi ne faut-il pas hésiter à s’essouffler même et surtout quand on souffre de problèmes respiratoires chroniques?

Pour gagner un marathon, un sportif va s’entraîner. Eh bien, c’est la même chose quand on a des problèmes respiratoires chroniques, des situations où il est important d’obtenir une réhabilitation pulmonaire. Donc si on veut se sentir plus confortable dans son souffle, il faut au contraire bouger, s’essouffler pour améliorer l’efficacité de son système cardio-pulmonaire. A partir du moment où on le fait à son rythme et modérément, ce n’est en aucun cas dangereux: n’importe qui peut le faire, s’il prend son temps, même si l’effort ne dure que quelques minutes.

Comment expliquez-vous que tant de gens répugnent à consentir ces efforts, minimes finalement?

Nous vivons une époque où on a tendance à tout médicaliser. Or si la réponse est souvent médicale et technique, elle est également tout aussi souvent comportementale, souvent même avec des micro-changements. Les gens doivent comprendre que pour être à l’aise avec leur souffle, il n’y a pas de solution externe magique. La réponse doit venir d’eux-mêmes, et en l’occurrence ici elle est simple: il faut bouger. Ce qui d’ailleurs, en dehors de la question du souffle, a beaucoup d’autres avantages pour la santé.

Docteur Marc-André Raetzo
Spécialiste FMH en respirologie