Octobre rose: reconstruire un sein au naturel? C’est possible!

Avec l’épreuve du cancer et de l’ablation de leur sein, nombre de femmes font le choix d’une reconstruction chirurgicale de leur poitrine. La reconstruction par lambeau abdominal offre une alternative «naturelle», durable et sans corps étranger aux traditionnelles prothèses mammaires.

  • 60% des femmes ayant subi une mastectomie choisissent une reconstruction mammaire. PHOTOS SHUTTERSTOCK

    60% des femmes ayant subi une mastectomie choisissent une reconstruction mammaire. PHOTOS SHUTTERSTOCK

Dans la vie d’une femme, l’ablation d’un sein représente toujours une épreuve particulièrement difficile. Il y a bien sûr l’annonce du cancer – le plus fréquent chez les femmes entre 45 et 55 ans - avec son lot d’inquiétudes, mais aussi un questionnement intense, tant le sein reste un organe particulier, relevant de la féminité, de la sexualité mais aussi de l’identité. C’est pour cette raison qu’environ 60% des femmes ayant subi une mastectomie font le choix d’avoir recours à une reconstruction mammaire.

Graisse et peau

Très connues du public, les prothèses mammaires permettent bien souvent de combler avantageusement le manque esthétique lié à cette ablation. Mais peu de femmes savent qu’il est également possible de reconstruire leur poitrine en faisant appel à une méthode chirurgicale naturelle, sans recours à un implant mammaire, la reconstruction par lambeau abdominal (en anglais DIEAP, Deep Inferior Epigastric Artery Perforator). Faisant appel à de la microchirurgie de pointe car elle implique de travailler sur de minuscules vaisseaux sanguins, cette méthode consiste à prélever dans le ventre en dessous du nombril, de la peau et de la graisse sans toucher aux muscles pour reconstruire, sur le thorax, le sein manquant.

Résultats bluffants

L’intervention est longue -4 à 5 heures au moins-, elle doit être pratiquée par un chirurgien expérimenté et spécifiquement formé - et la convalescence dure au minimum une semaine, sous stricte surveillance médicale. Ouverte à toutes les femmes pourvu qu’elles disposent de tissu graisseux en suffisance, la reconstruction par lambeau abdominal conduit souvent à des résultats bluffants, tant dans l’aspect et la consistance du sein ainsi reconstitué, très naturels, que dans l’esthétique du nouvel organe obtenu, plus proche de l’anatomie naturelle de chaque femme.

Longue cicatrice

Mieux encore, le nouveau sein vieillit littéralement avec la patiente qui n’éprouve ni tiraillements ni contraintes dans ses mouvements, à l’inverse de la prothèse qui tend à durcir avec le temps, augmentant la gêne ressentie ainsi que le contraste visuel avec son autre sein.

Seul bémol de la reconstruction par lambeau: la longue cicatrice – une bonne quarantaine de centimètres tout de même - que les femmes devront porter en bas de leur abdomen, la même que celles qu’arborent les femmes qui ont eu recours à une chirurgie esthétique destinée usuellement à supprimer les excès de graisse.

L’intervention peut être pratiquée simultanément avec l’ablation du sein cancéreux – elle restera compatible avec une éventuelle chimio/hormono/immunothérapie - ou à distance dans le cas où radiothérapie est requise. Mieux encore elle est même possible a postériori pour des patientes qui auraient déjà reçu un implant mammaire dans le passé.

Rens. www.beautifulabc.com/fr

 

 

Clinique de Montchoisi
Chemin des Allinges 10, 1006 Lausanne, Tél. : + 41 21 619 39 39, info@montchoisi.ch

L'avis des experts

Dr Laurent Pellet et Pr Phillip Blondeel
Spécialistes en microchirurgie et chirurgie reconstructrice.

Quelle est la principale complication de la reconstruction mammaire par lambeau abdominal?

Outre les possible complications habituelles de toute intervention chirurgicale (infections, etc), la principale complication est la survenue d’une thrombose, quand un caillot de sang bouche les vaisseaux. Ce risque ne survient que dans les 72 heures qui suivent l’intervention et ne concerne qu’environ 3% des personnes opérées.

Quel est le profil de la patiente éligible à ce type de reconstruction?

Pour peu que la personne ait suffisamment de peau et de tissu graisseux – ce qui est en général le cas de tout le monde à partir de la quarantaine – et qu’il n’y ait pas d’antécédents de problèmes de coagulation, toutes les patientes peuvent faire l’objet d’une reconstruction mammaire par lambeau. Ce qui est important en fait, c’est que les patientes soient correctement informées des implications de toutes les méthodes possibles – y compris de ne pas faire de reconstruction d’ailleurs – pour qu’elles puissent prendre leur décision de manière éclairée en tenant compte de tous les paramètres.

Pourquoi la reconstruction par lambeau abdominal n’est-elle pas plus souvent pratiquée?

Trois facteurs entrent en ligne de compte: le remboursement par les assurances-maladie, tout à fait correct en Suisse, la disponibilité de chirurgiens expérimentés et formés à cette technique, et surtout une meilleure information des candidates potentielles qui ne sont souvent même pas informées de l’existence de cette option.