Une entreprise lausannoise à la pointe de la medtech mondiale

INNOVATION • Les technologies révolutionnaires imaginées par Onward Medical permettent à des patients victimes de rupture de la moelle épinière de restaurer leurs capacités. Explications.

En quelques années, Onward Medical s’est positionné comme un fleuron de la medtech lémanique. En 2018, l’entreprise lausannoise parvenait à faire remarcher trois paraplégiques. En février de la même année, cet exploit faisait l’objet d’un article dans la prestigieuse revue Nature. En octobre, la société réalisait avec 80 millions d’euros, la plus importante entrée en bourse enregistrée dans le secteur en Europe.

Enfin, le 9 mai dernier au CHUV, la scale-up parvenait à faire implanter un de ses neurostimulateurs dans l’organisme d’un patient souffrant d’une rupture de la moelle épinière afin de remédier à ses problèmes de baisse de tension. L’entreprise aux 320 brevets et applications émis ou en cours, propose des technologies originales qui, via des électrodes implantées dans la moelle épinière et pilotables par le patient lui-même, le neurostimulent jusqu’à lui permettre de recouvrer certaines fonctions disparues. Onward se concentre sur le «réveil» des bras, des mains, du tronc, de la pression artérielle et des membres inférieurs. Mais elle est aussi capable de résoudre des problèmes d’incontinence ou d’impuissance sexuelle.

Elle dispose d’un dispositif externe de neurostimulation, l’ARC-EX qui devrait bénéficier d’une autorisation de commercialisation dès 2023 et a été testée à ce jour sur 65 patients dans 14 centres dans le monde.

Neurostimulateur

Elle a aussi mis au point un neurostimulateur implantable exigeant donc une intervention chirurgicale, l’ARC-IM, lequel est encore en phase de tests. «Sept millions d’êtres humains sont victimes de lésions de la moelle épinière dans le monde parmi lesquels 650'000 européens et américains. Cela représente un marché de 20 milliards d’euros», explique Dave Marver depuis les 1500 m2 de locaux que son entreprise occupe vers le Pont Bessières. L’Américain de 54 ans, ancien haut-cadre de Medtronic à Tolochenaz, est le CEO d’Onward Medical depuis bientôt deux ans. Sa société bénéficie du programme «Scale-Ups Vaud» que le canton a mis en place au profit des entreprises technologiques et innovantes particulièrement prometteuses. Sa capitalisation boursière tourne aujourd’hui autour des 230 millions d’euros. Pas mal pour une start-up lancée en 2014 sous le nom de GTX Medical par deux chercheurs lausannois. La neurochirurgienne du CHUV Jocelyne Bloch et Grégoire Courtine, professeur à l’EPFL peinaient alors à motiver des investisseurs malgré les nombreuses reconnaissances scientifiques que suscitaient déjà leurs travaux...

L’entreprise, désormais propriété d’investisseurs institutionnels tels qu’AXA, Belfius ou encore EQT Life Sciences, compte 80 collaborateurs entre la Suisse, les Usa et la Hollande. Environ 55 d’entre eux travaillent au siège de Lausanne. Selon Julie Crom, chasseuse de têtes chez Onward, «avec la proximité du CHUV, de l’EPFL et du dynamisme de l’industrie medtech, la région est idéale pour recruter les nouveaux talents dont Onward va continuer à avoir besoin dans le futur.»