Sursis pour l’Auberge de Sauvabelin

DÉMOLITON • Au mois de juin dernier, le Mouvement pour la défense de Lausanne a remis une pétition signée par 3042 habitants s’opposant à la démolition de l’Auberge de Sauvabelin. Simultanément, les oppositions à la mise à l’enquête retardent le processus. Mais les personnes engagées dans le combat se sentent floués.

  • La polémique autour de la démolition de l’Auberge est loin d’être terminée. DR

    La polémique autour de la démolition de l’Auberge est loin d’être terminée. DR

Le traitement des six oppositions laisse encore un petit sursis à l’Auberge de Sauvabelin, dont la démolition était prévue au mois d’août. Une Auberge qu’ont défendue 3042 signataires dans une pétition lancée par le Mouvement pour la défense de Lausanne (MDL) en mai dernier.

Le 14 août, une première partie des opposants a été invitée à une rencontre sur les lieux en compagnie notamment de la municipale Natacha Litzistorf. «Le sous-sol présente en effet un problème d’inondation. Le reste du chalet est certes vieillot mais le toit et les étages supérieurs sont en état correct et certaines parties ont encore l’esprit de la maison du 19ème siècle. La terrasse du haut est superbe et offre une vue magnifique sur le lac… Un potentiel immense qui dort peut-être à jamais», regrette François Mercanton, président du MDL.

Mobilier déplacé

Une deuxième rencontre avec le reste des opposants s’est déroulée en début de semaine. La suite dépendra de la Municipalité. Une partie du mobilier a en effet déjà été déplacé à l’Auberge de Beaulieu, réouverte en mars 2019. Des faits qui laissent songeurs aussi bien François Mercanton que Nicolas Cannilla, gérant de l’Auberge entre 2002 et 2014. «On dirait qu’ils avaient prévu de s’en débarrasser depuis un moment.» La Municipale indique en effet que l’Exécutif avait adopté le principe d’une déconstruction en août 2017. C’est-à-dire trois mois avant la tenue de la démarche participative invitant les habitants à donner leur avis sur le futur des établissements. Les résultats ont mené à la confirmation de démolition en mars 2018, notamment parce que les coûts d’une rénovation complète seraient trop élevés.

Montant mis en doute

«Je ne suis pas convaincu par les chiffres avancés par la Municipalité (1.8 millions pour le rez-de-chaussée uniquement, ndlr), indique Nicolas Cannilla. Avec une rénovation par étape, il est possible de remettre en marche cette exploitation assez rapidement.» L’ancien patron est prêt à proposer à la Ville un projet clair et un prix acceptable pour la remise en état.

Deux rénovations annulées

Dans le passé, des projets de rénovation avaient déjà été annulés deux fois. Une première fois en 2012, entraînant la résiliation de bail de l’ancien gérant Nicolas Cannilla. Les travaux avaient été repoussés afin de les coordonner avec la renaturation du lac et d’éviter une trop longue période de chantier sur le site. Puis, en mars 2016, la Municipalité avait annoncé officiellement la «rénovation complète des équipements techniques ainsi qu’un rafraîchissement général» de l’Auberge. Mais le projet a été suspendu: «Ne s’agissant pas d’une rénovation complète, il a été jugé opportun d’approfondir cette réflexion», indique Natacha Litzistorf.

Avec la pétition, François Mercanton demande au Conseil communal «d’invoquer l’effet suspensif afin de stopper cette destruction et de mener un vrai examen». Le texte sera prochainement traité par la commission des pétitions. De plus, la Municipalité devra encore se prononcer sur un fait important dans le cadre de la mise à l’enquête; à savoir le classement de la zone de Sauvabelin, incluant l’Auberge, à l’inventaire fédéral des sites à protéger (ISOS). Joëlle Misson