Staro: des projets plein la tête pour 2020

MUSIQUE • Un clip par mois durant un an. C’est le défi que s’était lancé Staro, jeune rappeur lausannois, l’année dernière. Aujourd’hui, la fin de ce pari signe le début d’une aventure autrement plus grande. Bilan et perspectives.

  • Staro va maintenant s’entourer de pros pour professer encore et toujours. MISSON

    Staro va maintenant s’entourer de pros pour professer encore et toujours. MISSON

Il y a une année, Raphael Starobinski, alias Staro sur la scène musicale romande, s’était lancé un défi: réaliser 12 morceaux et clips musicaux – un par mois – en une année. Arrivé au bout de ce pari, il est tout d’abord fier du travail accompli et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

Cette année lui a permis de montrer au public ce dont il était capable. S’il écrit et compose seul toutes ses chansons, Staro a néanmoins bénéficié de la collaboration d’environ 120 personnes sur la totalité de son projet, qu’il s’agisse de musiciens, de figurants, de cameramen ou de dessinateurs, comme pour le clip contemplatif de «Rayons de lune». Chaque vidéo est différente, car Staro a voulu tester des techniques variées. Exemple: pour «Club Maté», le jeune rappeur a tout réalisé lui-même devant un fond vert, en se changeant une bonne trentaine de fois et en se glissant dans plusieurs décors, le tout avec de multiples effets visuels. Le but, c’était aussi de s’éclater et ça a l’air réussi.

«Maintenant, l’idée est de continuer de travailler avec ces morceaux mais dans un cadre professionnel.» Il l’avoue lui-même: si cette année lui a permis de progresser à un rythme considérable, le son et l’image n’en restent pas moins à un niveau «amateur». «Si je veux décliner mes musiques sur scène, intéresser des radios ou des festivals, et réussir à gratter des premières parties de concerts, il faut que ça sonne pro.» La prochaine étape consistera donc à travailler avec un ingénieur du son et à sortir ses morceaux sur les plateformes de téléchargement musical officielles, ainsi que plusieurs EP.

Rappeur mais pas trop

Comme il conclut dans sa chanson «S.T.A.R.O», celui qui se qualifie plus volontiers de «rythmicien» ou «mélodicien», n’en a «toujours rien à foutre des codes», avec son rap aux allures pop et son expérience dans un groupe de rock. S’il reprend souvent les signes distinctifs du hip-hop: un univers masculin et sexiste, Staro n’en fait pour autant pas une image de marque. Il souhaite aussi se démarquer par des morceaux qui lui tiennent à cœur tels qu’«Être une femme» - qui reprend le célèbre refrain de Michel Sardou - qu’il a sorti à l’occasion de la grève féministe, ou «Stimuli», une dénonciation de la tyrannie des écrans. Peut-être pour dire aussi que Staro n’est pas toujours Raphaël Starobinski, même s’il compose un peu comme il respire. Ses inspirations, il les trouve dans la vie de tous les jours. Les amours, les doutes, les relations et la complicité, les réseaux sociaux, l’ambivalence de la vie, le féminisme, sont autant de sujets qui ont animé les chansons sorties cette année.

Staro a commencé un master en bande dessinée à Angoulême en septembre dernier, après une année sabbatique. Pourtant, la musique l’occupe davantage. Mais vivre à cheval entre la Suisse et la France, c’est aussi un avantage pour faire parler de lui et de sa musique. Il y a une année, Staro démarrait «à 100 à l’heure sur sa trottinette» - dans son premier clip de l’année. Et comme un regard sur le chemin parcouru, il a sorti en tant que dernier clip de l’année «Museum», une ode à tous les objets qui ont fait la jeunesse des gamins des années 90. Nostalgie. Mais à tout juste 23 ans, Staro a encore toute une vie avant de finir au «muséum». Joëlle Misson