A Rovéréaz, une mise à l’enquête fortement contestée

La mise à l’enquête d’un projet de construction de trois bâtiments de haut standing sur les hauts de Lausanne suscite colère et indignation. Les Verts dénoncent un non-sens absolu. Une pétition en ligne a déjà recueilli quelque 4000 signatures.

«Il faut tout faire pour que cet endroit soit préservé. Nous allons nous opposer avec force à cette mise à l’enquête!» Cet endroit, c’est un petit coin de paradis situé sur les hauts de la ville, au cœur du poumon vert de Rovéréaz. Une zone de quelque 30 hectares, entourée de forêts, de prés et de champs cultivés, qui bénéficie d’une vue panoramique exceptionnelle sur le lac Léman.

Un non sens absolu

Seulement voilà! Un projet de construction mis à l’enquête publique le 18 octobre dernier sur son secteur sud-est, un espace en mains privées situé à proximité du château Fallot, suscite la colère des défenseurs de l’environnement comme des riverains. Il prévoit l’édification de trois bâtiments de haut standing abritant 18 logements, divers aménagements ainsi qu’un parking souterrain. «Par les temps qui courent, ce projet est un non-sens absolu», estime la conseillère communale verte Marie-Thérèse Sangra. «Cette surface fait partie intégrante d’une unité paysagère exceptionnelle qu’il faut préserver à tout prix», renchérit Isabelle Veillon, l’une des personnes à l’origine du lancement de la pétition en ligne «Sauvons la campagne de Rovéréaz» qui s’oppose également à ce projet.

Une vieille affaire

L’affaire, en soi, n’est pas nouvelle. En 2017, l’idée de ce projet immobilier avait déjà été fortement contesté par les Verts et par les riverains. Marie-Thérèse Sangra avait même déposé une interpellation à ce sujet. Dans sa réponse, la Municipalité soulignait alors que le site en question était «partiellement constructible selon les plans d’affectation en vigueur».

Elle rappelait par ailleurs que des mesures avaient été prises pour la sauvegarde d’une grande partie de la campagne alentour.

Arguments insuffisants pour les Verts. «Cette zone constructible de 6000 m2 est un héritage d’une planification ancienne dont on peine à croire qu’elle soit aujourd’hui conforme à la nouvelle loi fédérale sur l’aménagement du territoire de 2014», note Marie-Thérèse Sangra. «La densification vers l’intérieur exigée par cette nouvelle loi, qui déploie fortement ses effets sur le tissu urbain de Lausanne, doit être accompagnée par une volonté affirmée des autorités de préserver strictement le patrimoine et les derniers grands espaces verts de la ville. Ceux-ci offrent à la population des prestations indispensables en matière de qualité de vie, de lieux de détente et de ressourcement et contribuent à la biodiversité et à la lutte contre le réchauffement climatique.»

Un pouvoir d’appréciation

Forts de ces considérations, les Verts estiment que la Municipalité dispose d’un pouvoir d’appréciation qui lui permet, dans ce cas particulier, de refuser le permis de construire pour ces bâtiments qui «comprometteraient gravement le caractère et l’esthétique d’un site exceptionnel». Ils lui demandent donc d’appliquer les recommandations de l’Inventaire fédéral des sites construits d’importance nationale à protéger en Suisse (ISOS), qui préconise la sauvegarde du caractère non bâti de l’ensemble du site de Rovéréaz. «Il s’agit du dernier espace vert d’un seul tenant aux abords immédiats de la ville, facilement accessible sans de longs déplacements en voiture». La mise à l’enquête court jusqu’au 18 novembre et la pétition en ligne a déjà récolté quelque 4000 signatures.