RHT: des PME vaudoises au bout du rouleau

GROGNE • Lorsqu’une demande de RHT est refusée, une entreprise peut s’y opposer. Problème, certaines PME vaudoises attendent depuis plus de trois mois la décision finale du Canton.

  • La contestation d’un refus de RHT entraîne souvent de longs mois d’attente. 123RF

    La contestation d’un refus de RHT entraîne souvent de longs mois d’attente. 123RF

Contester un refus de RHT prononcé par l’Etat, c’est l’assurance d’entamer un périple sans fin comportant une montagne de paperasse à remplir. Cette douloureuse expérience, une PME lausannoise la vit depuis plus de deux mois. Une attente qui désespère son patron: «Ces tracasseries administratives me rendent fou! Je n’en dors plus la nuit! Le Canton n’a pas voulu entrer en matière car il estime que la baisse de notre chiffre d’affaires n’est plus suffisamment importante donc il a refusé notre demande de RHT. Nous nous y sommes opposés au début du mois de novembre, mais nous n’avons toujours pas de réponses malgré nos nombreuses relances! Cela représente une vraie menace pour la survie de notre boîte!»

Lenteur des procédures

Malheureusement, la situation de cette entreprise active dans le domaine de l’assurance n’est pas un cas isolé. Une autre PME doit faire face à une attente interminable: «Notre demande de RHT a été rejetée en octobre dernier, nous avons directement envoyé notre opposition, souligne son directeur des ressources humaines. Depuis, c’est silence radio de la part du Canton de Vaud! Nous sommes dans le flou total et nous ne savons pas si nous pourrons bénéficer de ces aides en 2022. On se demande si les Autorités ont vraiment envie de sauver les emplois vu la lenteur des procédures.»

Danger financier

Une lenteur qui ne surprend pas Patrick Mock, responsable «Marché du travail» au Centre Patronal: «En cas de contestation, on entre dans une phase judiciaire qui prend effectivement du temps, mais, dans tous les cas, il y a déjà une réponse de refus des caisses de chômage.» Tout en rappelant: «Une entreprise qui ne perçoit pas de RHT peut rapidement se trouver dans une situation financière très délicate.» Une réalité à laquelle Frédérique Beauvois est quotidiennement confrontée en tant que porte-parole du mouvement lausannois «Qui va payer l’addition?»: «Les autorités essaient de nous décourager avec des questionnaires à répétition. En plus de jouer les contrôleurs de pass Covid, les restaurateurs doivent se muer en administrateurs chevronnés. Or, nous n’avons plus aucune liquidité après presque deux ans de crise.»

L’Etat s’explique

Face aux PME mécontentes, Françoise Favre, cheffe de service au Département de l’économie, de l’innovation et du sport, fait preuve d’un certain stoïcisme: «Actuellement, les oppositions qui sont en cours de traitement datent au plus tard de mi-octobre 2021.» Un délai de trois mois qui ne semble pas déranger le Canton, mais qui est vécu comme un véritable supplice par les PME concernées…