Plomb: les sols lausannois sont-ils pollués?

POLLUTION • Le Conseil fédéral considère le problème du plomb dans les sols en Suisse comme majeur, notamment parce qu’il concerne des terrains sur lesquels les enfants sont susceptibles de jouer. Comment la Ville de Lausanne gère-t-elle la problématique?

  • Des analyses du sol en laboratoire sont régulièrement effectuées. VILLE DE LAUSANNE

    Des analyses du sol en laboratoire sont régulièrement effectuées. VILLE DE LAUSANNE

«La Municipalité de Lausanne n’a pas connaissance de sols pollués au plomb sur lesquels jouent les enfants», annonce d’emblée Natacha Litzistorf, municipale lausannoise en charge de la Direction du logement, de l’environnement et de l’architecture. Car, oui, il est question de la santé des enfants dans les questions envoyées par le conseiller national Fabien Fivaz au Conseil fédéral en juin dernier. L’élu écologiste souhaitait savoir, entre autres, quand les Sept Sages comptaient faire abaisser les valeurs limites en plomb dans les sols suisses à un taux inoffensif pour la santé des enfants. Aujourd’hui, la valeur limite est fixée à 1000mg par kilo de terre, dans l’Ordonnance sur l’assainissement des sites pollués (OSites), en ce qui concerne les places de jeux et les jardins privés et familiaux.

Une limite obsolète

Le Conseil fédéral reconnaît que cette valeur limite est obsolète et trop élevée. Le Centre suisse de toxicologie appliquée (SCAHT) préconise une limite à 83mg par kilo de terre. Parmi les lieux considérés à risques et devant être analysés, selon les experts de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV): les jardins des maisons construites entre 1920 et 1960, ainsi que les espaces verts des garderies et places de jeux. L’OFEV évalue à 900 hectares les surfaces susceptibles de contaminer les jeunes enfants, contenant des valeurs supérieures à 300mg/kg. C’est en effet à ce taux limite qu’il veut abaisser le seuil d’assainissement.

Lausanne consciente du problème

A Lausanne, «la Municipalité est consciente de l’importance de cette problématique. La mise à disposition de ces terrains pour la population et en particulier pour les enfants doit donc absolument tenir compte de ces éléments.» Dans les faits, lors de nouveaux aménagements, ou de réaménagements, «nous changeons quasi systématiquement les anciens revêtements et enlevons 50 cm de terre, poursuit Natacha Litzistorf. Là où les enfants jouent, tous les matériaux sont remplacés et mis à neuf avec des matériaux locaux.»

Et les potagers urbains?

La Ville de Lausanne étant aujourd’hui friande de potagers urbains, des analyses en laboratoire sont également effectuées pour tous ses projets de jardinage. «Si la teneur en plomb dépasse le seuil fixé, la terre est systématiquement remplacée. Pour l’ensemble de nos plantages, la teneur en plomb varie entre 19mg/kg et 160mg/kg.» Ces valeurs restent donc en dessous du seuil d’investigation fixé par la loi concernant les cultures alimentaires (200mg/kg) - différent de celui fixé pour les places de jeux et jardins privés.

Actuellement, Confédération et Cantons travaillent à trouver des solutions conjointes pour la modification de l’Ordonnance fédérale. En mars dernier, le Conseil fédéral avait mis en consultation une révision du texte de loi. Mais une majorité de cantons avaient rejeté cette révision, notamment pour des raisons d’exécution. En clair: qui payera les investigations et les frais liés à l’assainissement?

Fabien Fivaz souhaiterait cependant que les directives aillent le plus loin possible, puisque, selon l’OMS ainsi que les analyses du SCAHT, il n’existe aucun seuil pour ce métal lourd au-dessous duquel tout effet nocif pour la santé puisse être écarté. «A un moment donné, si les scientifiques émettent des recommandations, ce serait bien de les suivre et de ne pas faire le travail à moitié», conclut-il. Joëlle Misson