Nouvel immeuble à la Sallaz: des commerçants divisés

LA SALLAZ • En décembre dernier, le Tribunal cantonal vaudois rejetait le recours du Mouvement pour la défense de Lausanne (MDL) contre la construction d’un bâtiment de 74 mètres de long et de 5 étages en lieu et place de deux immeubles des années 30. Une décision qui divise les commerçants du lieu et qui pourrait faire l’objet d’un recours.

  • Un immeuble de 5 étages devrait prendre place à cet endroit.

    Un immeuble de 5 étages devrait prendre place à cet endroit.

Patron de la Lunetterie de la Sallaz, Pierre-Alain Herdé, se réjouit ainsi grandement du projet proposé. Il trouve qu’il s’intègre parfaitement à la place. «Il y aura encore plus d’animation avec les surfaces commerciales et cafés prévus au rez-de-chaussée. Nous ne verrons plus les façades actuelles, horribles et vides, on pourra enfin dire que la place est finie.»

Tout autre avis cependant du côté de l’avocat des recourants et vice-président de la SDSV (Société de développement Sallaz-Vennes ), Jacques Ballenegger, qui entend d’ailleurs continuer les procédures si la possibilité est donnée aux locataires de recourir auprès du Tribunal fédéral. Il craint par ailleurs que le bâtiment de la Rotonde, qui jouxte le projet, ne finisse par subir le même sort sous prétexte d’harmoniser la place. A ce sujet, Pierrette Maradan, patronne de la Rotonde, confirme que ce n’est pas du tout à l’ordre du jour, après avoir contacté son propriétaire pour en avoir le cœur net. «Mais les gens parlent et disent que la Rotonde finira par être rasée.» Celle qui tient le café depuis 13 ans avait signé la pétition du MDL, pour des questions esthétiques principalement.

Du côté de la confiserie Nessi, le patron Nicolas Nessi avance un point positif - également relevé par Pierre-Alain Herdé, ainsi que par une employée de Güttinger Fleurs: «J’aime mieux avoir un bâtiment locatif, avec des habitants qui seront des clients potentiels, plutôt que des bâtiments vides qui donnent une mauvaise image du quartier.» Cela fait 30 ans qu’il travaille à la Sallaz, et y a même habité 15 ans ; cette place, il l’a vue se transformer. «On a tout eu ici. C’était parfois compliqué avec la démolition de l’ancien bâtiment où se trouve l’actuelle Migros, mais maintenant on a l’impression que la vie reprend gentiment.

De fait, c’était la volumétrie de l’immeuble projeté qui inquiétait principalement les recourants, ainsi que le manque d’espaces verts (267m2 au lieu des 1460m2 réglementaires en fonction de la surface) et de place de jeu (aucune n’est prévue). Les craintes liées au bruit du trafic (62 places de parc sont prévues en souterrain pour 92 appartements) ont été prises en compte par le Tribunal cantonal qui a conclu à ce que les mesures de protection recommandées par un rapport réalisé en 2019 soient réalisées. Concernant la volumétrie, l’architecte Patrick Boschetti s’est défendu d’avoir voulu rentabiliser au maximum l’espace disponible: «Avec une cour intérieure et des ouvertures prévues, nous avons convaincu le maître d’ouvrage de ne pas remplir au maximum, en faveur d’un espace d’habitation convivial.» Joëlle Misson