Le plus ancien traiteur de cuisine thaïlandaise de Lausanne en quête d’un nouveau nid

Le Pla-Tu-Thong doit quitter son repaire du quartier du Tunnel. Narong et Waree, le couple de sexagénaires thaïlandais qui prépare les meilleurs mets thaïs à l’emporter de Lausanne, désespèrent. En juin prochain, ils devront en effet remettre leur petit établissement de l’avenue César-Roux, le propriétaire des lieux en ayant décidé ainsi.

  • GRIVAT

    GRIVAT

GASTRONOMIE • «C’est terrible, nous sommes là depuis 1996. Cela ne va pas être facile de trouver un autre commerce à louer», confie Narong Sirisriratana, le chef à la taille de jockey, qui a œuvré auparavant aux cuisines des Maï Thaï de Lausanne et Montreux, et du Hyatt à Bangkok. «Actuellement nous ne pouvons accueillir que 9 convives sur nos quelques tables, faute de WC accessibles au public, et nous ne pouvons pas servir d’alcool dans ces conditions. C’est le service traiteur qui nous fait vivre. J’aimerais trouver un commerce permettant d’accueillir une trentaine de personnes et disposer de la patente pour le vin et la bière», ajoute sa compagne Waree Arnoulet. Thaïlandais avec permis C, ce couple de grands-parents travaille avec enfants et même petits-enfants qui ont atteint la vingtaine et sont parfaitement intégrés, maniant mieux le français que la langue thaï, voire avec le passeport à croix blanche.

Depuis plus de vingt ans, le lieu est en tous cas devenu le rendez-vous des amateurs de cuisine thaï. Même des proches de la famille royale, de passage à Lausanne, l’ont fréquenté. «Je me souviens de la princesse Galyani, la sœur du roi Bhumibol (ndlr: il est décédé en 2016, depuis lors c’est son fils qui est le roi actuel sous le titre de Rama X), venue un beau matin sans avertir et sans aucun protocole, poursuit Waree. La princesse Mahidol, la mère des deux rois Ananda et Bhumibol, est aussi venue ainsi que sa nièce, la princesse Sirindhorn». Privilège rare: en Thaïlande, la famille royale ne peut être approchée par la population qu’à genoux, voire en étant prosterné à ses pieds en signe de grande dévotion. Mais tous les Thaïlandais apprennent à l’école que leur «roi bien aimé», le roi Bhumibol, a vécu et étudié à Lausanne de 1933 à 1951, une ville plus connue dans l’ex-royaume du Siam que Berne ou Zurich. Olivier Grivat