«Le chantier de la gare de Lausanne est victime d’une guerre de pouvoir»

MOBILITE - Ancien syndic et fin connaisseur des questions ferroviaires, Daniel Brélaz ne cache pas son agacement face au fiasco de la modernisation de la gare de Lausanne. Il estime que le Conseil fédéral pourrait prendre en charge les éventuels surcoûts engendrés par les retards à répétition.

  • BONAVITA

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MOBILITé • Ancien syndic et fin connaisseur des questions ferroviaires, Daniel Brélaz ne cache pas son agacement face au fiasco de la modernisation de la gare de Lausanne. Il estime que le Conseil fédéral pourrait prendre en charge les éventuels surcoûts engendrés par les retards à répétition.

Lausanne Cités: Le chantier de la gare de Lausanne tourne à la bérézina, comment en est-on arrivé là?

Daniel Brélaz: C’est d’abord dû à une incompréhensible sous-estimation des difficultés de la part des CFF et de l’Office fédéral des transports (OFT). Je ne sais pas lequel des deux est le plus fautif, mais je trouve très grave de découvrir ces problèmes de statique après treize ans de discussions. Si la statique n’est pas bonne, il faut le dire tout de suite! En traînant des pieds, cela met en grave difficulté l’ensemble des projets de transports publics, que ce soit la prolongation du M2 ou la réalisation du M3. C’est inacceptable!

Que peux faire la Ville pour débloquer le dossier?

Très sincèrement pas grand-chose, si ce n’est redoubler d’efforts pour que le chantier reprenne dans les meilleurs délais.

C’est tout?

Peut-être inverser certaines priorités en démarrant une partie des travaux du M3, mais, n’étant plus aux manettes, il m’est difficile de l’affirmer avec certitude.

Justement, si vous étiez encore aux manettes, vous auriez tapé du poing sur la table?

Peut-être, ce qui est sûr c’est que si ce type de fiasco s’était déroulé dans mon administration, j’aurais ordonné aux personnes responsables de rattraper le retard ou sinon je leur aurais demandé de prendre la porte.

La municipale verte Natacha Litzistorf a demandé de faire enlever les palissades de chantier, c’est un aveu d’impuissance?

Pas nécessairement, si le retard devait se chiffrer à 15, 18 ou 24 mois, je pense que c’est une bonne idée. Et cela risque d’être le cas car ce chantier est un bordel depuis bien longtemps.

La Berne fédérale qui se moque de la Suisse romande, ce n’est pas vraiment nouveau, non?

Si un tel couac se produisait à Berne ou Zurich, vous pouvez être sûr que des solutions seraient rapidement trouvées et que les coupables se feraient sonner les cloches, ça c’est évident. En fait, Lausanne est victime d’une guerre de pouvoir entre l’OFT et les CFF. Le premier souhaite démontrer aux seconds qu’il commande.

Ce petchi va générer des surcoûts colossaux, qui doit payer?

Un crédit a été voté, donc s’il est augmenté à cause de ces retards, les proportions définies entre le Canton, la Confédération, la Ville et CFF Immobilier doivent rester identiques. On peut même envisager que le Conseil fédéral prenne en charge les surcoûts car ce fiasco met en péril l’ensemble du réseau ferroviaire romand.