«Lausanne doit devenir une capitale du cinéma»

CULTURE • Enseignante au gymnase du Bugnon et conseillère communale socialiste, Séverine Graff souhaite que la capitale vaudoise devienne une référence mondiale du cinéma. Elle vient de déposer un postulat qui détaille ses propositions. Entretien.

Lausanne Cités: Vous souhaitez que Lausanne soit valorisée comme capitale du cinéma, mais avec une Cinémathèque suisse, des festivals consacrés au septième art, une Maison du Cinéma en 2024, l’offre est déjà conséquente non?
Séverine Graff: Justement, l’offre est énorme pour une ville comme Lausanne! Cette réalité est le socle de mon postulat, il y a beaucoup d’événements qui se déroulent autour du cinéma, c’est la preuve que les Lausannois sont particulièrement friands du septième art. Ils peuvent bénéficier de la sixième plus grande cinémathèque au monde, de nombreux festivals, sans oublier la section de l’Université de Lausanne consacrée aux études cinématographiques. Mais malgré cette richesse, personne ne reconnaît vraiment Lausanne comme une ville phare dans le monde du cinéma.

Selon vous, la Maison du Cinéma manquera de moyens, qu’entendez-vous par là?
A l’heure actuelle, quand on parle de Maison du Cinéma, on parle surtout des murs de l’ancien Capitole. Or, ce dernier dispose de deux espaces de projection. Pour qu’il tourne à plein régime, ce lieu devra disposer d’un personnel suffisamment nombreux pour le gérer. La deuxième salle pourrait, par exemple, accueillir des projections destinées aux étudiants. Ceci afin de donner envie aux jeunes d’aller au cinéma, cette habitude n’est plus si évidente à l’heure des plateformes de streaming. Aujourd’hui ce qui est populaire, c’est d’être abonné à Netflix, avant c’était d’aller dans les salles obscures.

Dans votre postulat, on peut lire que la Cinémathèque suisse ne touche presque qu’un public d’universitaires et que vous souhaitez qu’elle élargisse son public, comment doit-elle s’y prendre?
Il y a des chiffres révélateurs. Alors que 69% des Lausannois vont régulièrement au cinéma, la Cinémathèque suisse n’est fréquentée que par 12% de la population. Il y a un autre problème selon le rapport «Les publics de la culture à Lausanne» qui date de 2019, la cinémathèque attire principalement des profils où les formations supérieures et les personnes aisées sont surreprésentées.

Vous avez une dent contre la Cinémathèque suisse?
C’est tout le contraire! Cet espace est d’une richesse cinématographique incroyable, mais il peine à attirer toutes les populations. Il y a donc un travail à faire au niveau de la promotion, la cinémathèque doit aller chercher un nouveau public, certainement plus jeune.

Votre idée est également d’offrir aux touristes de passage à Lausanne un bon pour une séance à la Cinémathèque, pourquoi?
Mon idée s’inspire de l’offre des transports publics lausannois à destination des touristes, il s’agirait de faire la même chose, mais pour le cinéma. Cela pousserait les touristes à découvrir la Cinémathèque et à en faire la promotion lorsqu’ils rentrent chez eux.

Vous voulez qu’un label «Lausanne, ville cinéma» soit lancé, dans quel but?
De faire de Lausanne une capitale du cinéma, elle en a les moyens. Elle fait parfois preuve de trop de modestie, c’est un réflexe très suisse, mais il faut être capable de le surpasser. Ce label permettrait à Lausanne Tourisme de vanter les mérites cinéphiles de notre destination et ainsi d’attirer de nouveaux voyageurs.

Développer le cinéma à Lausanne, c’est bien beau, mais où trouver le financement?
Quand on y regarde de plus près, le budget alloué par la Ville à la Cinémathèque est de 370’000 francs par année, ce qui est peu par rapport aux subventions de l’Orchestre de Chambre ou du Béjart Ballet puisque ces dernières se chiffrent en millions. Il serait donc possible de faire un geste plus important en faveur du septième art.