Lausanne au fil des décennies

Lausanne Cités a 40 ans. Nous avons choici pour chacune de ses 4 décennies de vie, un événement qui nous a semblé emblématique.

Lausanne en 4 décennies

1980-1990 Lôzane bouge et conteste

A Lausanne, un évènement majeur va marquer les années 80: l’émergence d’un mouvement de contestation qui donne naissance à Lôzane bouge. Ce mouvement est composé principalement de jeunes gens âgés entre 15 et 25 ans. Ils contestent le futur qui leur est préparé, la course au profit, la construction de centrales nucléaires et, d’une manière plus générale, affirment leur désenchantement face à une société dans laquelle ils pensent ne pas avoir leur place. La revendication principale du mouvement consiste en un «espace autogéré» au sein duquel ils pourraient expérimenter une forme de vie alternative et libertaire. Leur slogan: «Nous ne voulons pas d’un monde où la garantie de ne pas mourir de faim se paie par le risque de mourir d’ennui.» Lausanne, qui compte alors 127’329 habitants, se met à bouger. Comme jamais précédemment. Un centre autonome naît au printemps 1981 à la rue Saint-Martin, dans des locaux décrits comme «parfaitement sordides». Il deviendra, à l’automne, le Cabaret Orwell. Mais l’endroit, trop vétuste, n’est pas appelé à durer. Un an plus tard, des jeunes persévèrent en faveur d’un lieu de culture alternative à Lausanne. Ils fondent le Koprock et nouent un vrai dialogue avec la Municipalité. Enfin, le 12 avril 1985 s’ouvre la Dolce Vita, qui deviendra une vraie scène du rock, jusqu’en 1999.

1990-2000 Les années Yaggi

Née en 1941, entrée au parti socialiste en 1972, une année après que les femmes ont obtenu le droit de vote au niveau fédéral, Yvette Yaggi est élue en novembre 1989 syndique de Lausanne avec 1674 voix d’avance sur le candidat radical, Olivier Chevallaz. C’est la première fois qu’une femme préside aux destinées de la ville alors qu’elle siégeait déjà à l’Exécutif depuis 4 ans, en tant que responsable des finances. La diplômée en sciences politiques et en lettres conservera cette fonction jusqu’en 1998, marquant les années 90 de son empreinte. Mais pour Lausanne, la révolution ne s’exprimait pas seulement en termes de «genre» même si l’accession d’une femme à la syndicature était totalement inédite. L’élection d’Yvette Yaggi mettait en effet un terme à une longue domination radicale sur la Municipalité, inaugurant un cycle d’hégémonie de la gauche qui perdure jusqu’à aujourd’hui. Sa marque de fabrique? Avoir été la première, avec ses collègues, à proposer un programme de législature, une évidence aujourd’hui. A noter enfin que cette ancienne directrice de la Fédération romande des consommatrices, qui a également co-présidé la Constituante vaudoise, a longtemps siégé aux Chambres fédérales.

2000 - 2010: Et puis vint le M2…

C’était le 18 septembre 2008! Entouré de nombreuses personnalités politiques vaudoises qui ne cachaient pas leur fierté, le conseiller fédéral, Moritz Leuenberger, chef du département fédéral des transports, inaugurait officiellement le M2, après 4 ans et demi de travaux. Le M2, c’est ce métro automatisé désormais incontournable pour les Lausannoises et Lausannois, qui se demandent aujourd’hui comment ils ont pu vivre sans, et qui relie, sur 14 stations, Ouchy à Croisettes, 6 km plus au nord. Et pourtant, cette ligne de métro, la seule de Suisse, destinée à remplacer la défunte «ficelle» a failli ne pas voir le jour. En 1993 déjà, le Conseil d’Etat du canton de Vaud lançait une étude pour la planification du projet de prolongement du Lausanne-Ouchy en direction d’Epalinges. Le projet est soumis à enquête publique entre le 19 septembre et le 24 octobre 2000. Seulement voilà, le projet a failli être abandonnée en 2001, en raison d’un dossier connexe, celui de la privatisation de la Banque Cantonale Vaudoise, lui-même lié à la crise financière que traversait le canton. C’est une votation populaire le 24 novembre 2002, qui lui sauvera la mise et permettra aux travaux de démarrer en février 2004. Complexe et soumis à de nombreux aléas géologiques et retardé par l’effondrement de la voûte d’un tunnel sous le centre commercial Coop-City à la Place Saint-Laurent en 22 février 2005, le chantier se terminera en 2008, marqué par une véritable prouesse technologique, faire évoluer des rames automatisées sur une pente pouvant atteindre 12%. 12 ans après son lancement, le M2 pulvérise les records de fréquentation et fait définitivement taire ceux qui, un temps, ont douté de son utilité.

2010 - 2020: Le temps des grands projets

La décennie qui vient de s’achever est marquée par la mise en œuvre d’une multitude de grands projets qui sont en train de modifier Lausanne en profondeur. Située à Malley, la Vaudoise aréna est un complexe omnisports ultramoderne qui a été inauguré en 2019 après 3 ans de travaux et un coût de 230 millions de francs, financés par les communes de Lausanne, Prilly et Renens, mais aussi le canton, la Confédération, le LHC et le Fonds du sport vaudois. 2019 a également été marquée par l’inauguration, après plus de 20 ans d’une interminable et longue gestation, du nouveau Musée cantonal des Beaux-Arts, un édifice unique et futuriste situé sur le site de Plateforme 10, à deux pas de la gare. Le projet Métamorphose, élément fort du développement de Lausanne, destiné à doter la ville d’infrastructures sportives modernes et d’envergure, de deux quartiers écologiques pour plus de 10’500 habitants et de transports publics de qualité, a également connu des avancées significatives. Le chantier du centre sportif de la Tuilière, démarré en 2015 est ainsi à bout touchant et pourra entre autres accueillir très bientôt le FC Lausanne-Sport. Encore en projet, le futur métro M3, prévu pour 2027, et qui reliera la gare à la Blécherette, desservant Beaulieu, les Plaines-du-Loup et le stade de football de La Tuilière, poursuit son lent cheminement administratif et procédural. Enfin à noter qu’à la faveur des Jeux Olympiques de la Jeunesse, la région s’est enrichie d’un bâtiment circulaire et futuriste situé à Chavannes-près-Renens, le très moderne Vortex, qui après avoir accueilli les athlètes, permettra à terme de loger environ 1000 étudiants.