«L’absence de plaques sur les vélos ne facilite pas le travail de la police»

MOBILITÉ • A l’heure où toujours plus de citoyens demandent aux autorités de sanctionner les incivilités des cyclistes, Pierre-Antoine Hildbrand, municipal en charge de la sécurité, nous livre en primeur les chiffres lausannois.

  • Selon Pierre-Antoine Hildbrand, la police ne fait preuve d’aucun laxisme face aux incivilités des cyclistes. VERISSIMO

    Selon Pierre-Antoine Hildbrand, la police ne fait preuve d’aucun laxisme face aux incivilités des cyclistes. VERISSIMO

Lausanne Cités: En 2021, 622 amendes d’ordre ont été délivrées à des cyclistes, soit 5% de moins qu’en 2020 (658 amendes), cela signifie-t-il que la répression est moins forte à leur encontre?
Pierre-Antoine Hildbrand: Non, le nombre d’amendes augmente régulièrement. En 2018, il s’élevait à 295. Cette différence de 36 amendes d’ordre entre 2021 et 2020 n’est pas en lien avec une réduction de l’action de la police. Les actions préventives et répressives à l’endroit des cyclistes et des autres usagers ont continué d’être menées, mais les autres tâches ont également repris de l’importance.

Dans le même temps, les Lausannois ne cessent de dénoncer des comportements dangereux (feu rouge grillé, utilisation des passages piétons et des trottoirs, circulation au milieu de la chaussée), vous ne craignez pas que l’on vous accuse de laxisme?
La police ne peut être accusée de laxisme. Elle dénonce les comportements inadéquats même si l’absence de plaques d’immatriculation ne lui facilite pas le travail.

Vous constatez une augmentation du ras-le-bol des Lausannois à l’encontre des cyclistes?
Suivant qui j’écoute, évidemment oui. Les piétons se plaignent des cyclistes et des utilisateurs de trottinettes, tandis que les cyclistes se plaignent des automobilistes. C’est le partage de l’espace public qui est en jeu aujourd’hui, avec une multitude de nouveaux engins et une tolérance générale en baisse. Dans ce contexte il faut particulièrement protéger les plus vulnérables, c’est-à-dire les personnes qui vont à pied, en particulier les personnes âgées qui risquent énormément en cas de chute ou de collision.

Rouler à vélo sur le trottoir est passible d’une amende de 40 francs, ce n’est pas vraiment dissuasif, non?
Non ce n’est pas dissuasif, mais le montant pour ce type de contraventions est fixé dans l’Ordonnance fédérale sur les amendes d’ordre. La somme est identique pour toute la Suisse et Lausanne n’a pas la possibilité d’en modifier le montant.

Les cyclistes et les utilisateurs de trottinettes ont-ils le droit d’emprunter la passerelle du Grand-Pont? Car la signalisation n’est pas claire et le danger réel pour les piétons…
Non, les cyclistes et les utilisateurs de trottinettes n’ont pas le droit d’utiliser la passerelle du Grand-Pont. Ils peuvent le faire en tant que piéton en poussant leur engin et la signalisation est désormais très claire. Durant plusieurs semaines, la police a mené des actions préventives à cet endroit, au cours desquelles 89 cyclistes et 42 utilisateurs de trottinettes ont été renseignés sur les bons comportements à adopter. Dans une seconde phase, huit cyclistes ont été remis à l’ordre, sans être dénoncés. Actuellement, la mesure est plutôt bien respectée, du moins quand la police est présente.

Les utilisateurs de trottinettes sont accusés de semer la terreur sur les trottoirs, vous comptez sévir?
Les agentes et les agents vont poursuivre leurs actions préventives et répressives. En parallèle, la police de Lausanne vient de se doter d’un appareil permettant de contrôler la vitesse des engins électriques à deux roues, comme les trottinettes, cyclomoteurs légers ou scooters. Des contrôles ont déjà été effectués et d’autres seront reconduits afin de garantir la conformité de ces engins au cadre légal.

Ces comportements sont-ils typiquement lausannois? Il suffit de se balader à Bâle, Berne ou Zurich pour constater que les cyclistes sont bien plus respectueux des autres usagers, qu’ils soient automobilistes ou piétons…
Je ne pense pas que ces comportements soient typiquement lausannois. L’augmentation de l’utilisation du cycle comme mode de déplacement est liée à l’électrification. Certains aménagements urbains sont nouveaux et du temps est nécessaire pour que les usagères et usagers se les approprient. Enfin la pente accroit le danger par la différence de vitesse entre piétons et cyclistes. L’utilisation de ces nouveaux engins est en plein essor dans notre ville et c’est d’abord une bonne nouvelle. Il s’agit maintenant d’apprendre à se déplacer dans cette configuration, en respectant les autres.