«La Croix-Rouge lausannoise m’a laissé tomber!»

AIDE À DOMICILE • Une Lausannoise malvoyante dépendant en partie des services de la Croix-Rouge estime avoir tout simplement été oubliée durant les fêtes de fin d’année. «Pas si simple», répond cette institution qui rappelle fonctionner en partie grâce à des bénévoles.

  • Anna est en colère contre les services de la Croix-Rouge vaudoise. 123 RF

    Anna est en colère contre les services de la Croix-Rouge vaudoise. 123 RF

Pour les besoins de la cause, on l’appellera Anna(*). Cette Lausannoise habite sur les hauts de la ville. Elle vit seule, sans famille, et se débrouille comme elle peut avec un sévère handicap de la vue. Anna est malvoyante. Elle ne peut ni lire, ni écrire. «Tout est flou autour de moi», résume-t-elle pour expliquer sa situation. Chaque déplacement, chaque geste au quotidien lui demande donc beaucoup d’effort, et de temps.

Dépendante des autres

Anna dépend donc des autres. Pour l’aider, notamment à faire ses courses, elle bénéficie tous les vendredis des services de la Croix-Rouge. «Généralement, dit-elle, ça se passe plutôt bien». Sauf en cette fin d’année 2019. Anna raconte: «Le 20 décembre dernier, comme chaque vendredi, quelqu’un est venu et m’a accompagnée pour aller faire mes emplettes. Mais pas le vendredi suivant, le 27, et sans qu’on m’avertisse. Ce n’est que deux jours plus tard, le lundi 3o, que quelqu’un est venu sonner chez moi pour me dire qu’il fallait venir tout de suite pour aller faire des courses, sinon qu’il n’y aurait plus de possibilité avant la première semaine de janvier.»

Surprise par cette demande inattendue, pas prête et, dans son cas, mettant beaucoup de temps pour se préparer, elle a simplement dit qu’elle ne pouvait pas se déplacer comme ça, à la dernière minute. «Cette attitude m’a choquée, scandalisée même. Comment peut-on faire preuve d’autant de légèreté quand on connaît mon état. Surtout en pleine période de fête.» Signalant le cas à la Croix-Rouge, on lui aurait alors répondu qu’on s’en occupait. Sans plus et sans suite! Anna a donc dû aller en ville par ses propres moyens et c’est une vendeuse de la Coop qui a pris le temps de faire des courses pour elle. «Je la remercie de tout cœur.»

Un service de bénévoles

«Je comprends le désarroi de cette dame et regrette cette situation», dit d’emblée Muriel Cuendet-Schmidt, co-responsable du Service social et bénévolat de la section vaudoise de la Croix-Rouge. «Il est toutefois nécessaire de rappeler que nous assurons ce type de prestations sur la base du bénévolat. Nous ne pouvons donc pas garantir les passages des bénévoles de manière régulière, car nous n’avons aucune prise sur leurs horaires, tout particulièrement durant la période des fêtes qui est un véritable casse-tête en termes de planification.»

«Mais, ajoute-t-elle, les bénéficiaires de ce service sont avertis en cas de non-passage prévu. Je peux vous assurer que ce fut le cas concernant Anna.» Quant à la rencontre ratée du 30, Muriel Cuendet-Schmidt assure également que ses services ont tenté de la joindre pour trouver une autre solution, mais qu’elle n’a pas répondu».

Chiffres à l’appui, Muriel Cuendet-Schmidt tient par ailleurs à expliquer l’ampleur de la tâche fournie. En 2018, 14’00o prestations de ce type ont ainsi été assurées, ce qui représente 25’ooo heures de bénévolat pour quelque 600 interventions à travers le canton. Seules 38 ont été annulées. Elle tient par ailleurs à souligner que les personnes dans le besoin comme Anna peuvent aussi s’adresser à l’AVASAD (Association Vaudoise d’Aide et de Soins) qui assure ce type d’aide. Les prestations qu’elles fournissent ont un caractère public. Tout habitant nécessitant une intervention y a droit.

(*) Nom connu de la rédaction