Hausse des écolages: les patrons du Conservatoire de Lausanne s'expliquent

CRISE • Afin de pallier le déficit budgétaire de son institution, le Conservatoire de Lausanne a pris des mesures qui ont été décriées par les professeurs, le syndicat SUD et les parents d’élèves. Noémie Robidas, directrice générale HEMU-CL et Andrew Ferguson, directeur administratif du Conservatoire, s’expliquent.

Lausanne Cités: A quoi est dû le déficit du Conservatoire de Lausanne?

Noémie Robidas et Andrew Ferguson: Les origines du déficit sont multifactorielles et il est difficile d’en identifier les sources exactes. Elles sont en tout cas imputables à la nouvelle loi sur l’enseignement musical (LEM), entrée en vigueur en 2013 et auxquelles toutes les écoles de musique ont dû s’adapter. Le cas spécifique du Conservatoire de Lausanne (CL) ne se superpose qu’en partie à ce qui est défini dans cette loi étant donné la présence dans l’institution autant de l’enseignement initial (Conservatoire de Lausanne) que professionnel (Haute Ecole de Musique), ainsi que des missions spéciales assurées spécifiquement par le Conservatoire de Lausanne, telles que la structure musique-école ou la Pré-HEM. Une chose est certaine: les échelles salariales sur lesquelles se basent les subventions dans le cadre de la LEM ne correspondaient pas aux échelles du Conservatoire de Lausanne. Chaque année, un petit écart s’est creusé entre les subventions reçues et les charges, salariales d’une part, mais aussi liées à nos activités spécifiques.

Pendant la période de mise en conformité à la LEM, soit de 2013 à 2018, pourquoi ne pas avoir choisi d’adapter progressivement les salaires?
Le CL jouissait d’une situation particulière, historique, difficilement adaptable à la LEM, et tout le monde se demandait si une exception allait émerger. Puisque le CL bénéficiait d’un fonds de réserve conséquent, ce dernier a été utilisé en attendant des réponses et des solutions. Puisqu’aucune exception n’allait pouvoir émerger, il y avait urgence à agir aujourd’hui.

L’administration est-elle touchée par la modification des salaires?
Bien sûr que l’administration est touchée, car il y a des restrictions de lignes budgétaires. La répartition entre l’HEMU et le CL a été revue, et une partie de notre salaire vient du budget du CL. Cependant, les salaires de l’administration sont basés sur des grilles salariales cantonales, qui ne sont pas les mêmes que la nouvelle grille prévue pour les enseignants des écoles de musique.

La délégation formée par l’Association des professeurs (APC) et le syndicat SUD a demandé une entrée en négociation. La Direction va-t-elle aujourd’hui dans le sens de cette demande?
Absolument. Nous allons distribuer des documents communs relatifs au budget et aux activités du CL, et mettre en place des consultations pour constater nos divergences, et se mettre d’accord. Les décisions que nous avons prises en février devaient être prises d’urgence pour sauver l’institution, mais nous voulons bâtir avec tous les acteurs pour être au plus près de ce qu’ils souhaitent, même si nous devons garder une certaine logique.

Qu’en est-il de la hausse de l’écolage et d’une éventuelle diminution de l’attractivité du CL?
Nous n’avons aucune inquiétude concernant l’attractivité du CL, mais nous devons aussi renouveler notre image d’accessibilité et nous rapprocher de la population lausannoise. Concernant l’écolage, les augmentations conséquentes ne concernent qu’une minorité des parents. 790 familles sur 921 subissent des augmentations comprises entre 0 et 5%. Et pour neuf familles seulement, avec plusieurs enfants inscrits au CL, et selon les activités pratiquées (deuxième instrument, ou cours d’ensemble, jusque-là gratuits et qui deviendront payants dès septembre, ndlr), les augmentations peuvent en effet atteindre 30%. Nous les avons invités à discuter afin de trouver des moyens pour que leurs enfants continuent de fréquenter le CL.