Florence Germond: «Il était temps que le Canton aide les communes à respirer»

FINANCES • Le canton et les communes viennent de conclure un accord sur la répartition de la facture sociale. Florence Germond, municipale en charge des finances en évalue l’impact sur Lausanne.

  • Florence Germond, municipale en charge des finances de Lausanne. VERISSIMO

    Florence Germond, municipale en charge des finances de Lausanne. VERISSIMO

Cela fait des années que vous vous battez pour un rééquilibrage des charges sociales entre le canton et les communes. Pourquoi ce rééquilibrage était-il nécessaire?
Parce que le système actuel est dépassé: il date du début du millénaire, un temps où le Canton avait une situation financière déplorable. Les communes ont alors accepté de participer au redressement des finances cantonales et ont absorbé depuis près de la moitié des coûts de la facture sociale, contre un tiers auparavant.

Et aujourd’hui?
Aujourd’hui, la situation est inversée: les comptes cantonaux affichent une santé financière presque insolente, avec un niveau de liquidité jamais atteint de plus de 4 milliards de francs, tandis que les communes tirent la langue avec des niveaux d’endettement en progression à plus de 30% sur la période 2010-2018 (+47% sans Lausanne). Il était dès lors nécessaire que le Canton reconnaisse la situation et accepte un rééquilibrage permettant cette fois aux communes de respirer.

Êtes vous satisfaite de l’accord conclu? Pour vous quels sont ses avantages, quels sont ses inconvénients ?
Oui, les communes peuvent être satisfaites de l’accord négocié entre l’UCV, du côté de Lausanne, le Syndic Grégoire Junod et l’Etat. Nous préconisions depuis longtemps le retour à un partage 1/3 communes 2/3 Canton, les recettes des impôts se partageant d’ailleurs dans des proportions similaires. Avec un accord qui prévoit que les communes prennent en charge 36.7% de la facture sociale à terme, on s’en approche.

L’effort du canton sera-t-il réellement conséquent?
Les montants injectés par l’Etat sont importants et pérennes: 25 millions en 2021, puis 60 en 2022, puis augmentent progressivement jusqu’à atteindre 150 millions en 2028 au plus tard, plus rapidement si les comptes de l’Etat restent positifs, sans compter les écritures spéciales de bouclement, j’espère. Ces montants atténueront largement l’impact de la facture sociale sur les communes.

Concrètement pour les finances lausannoises, qu’est-ce que cela va changer? Et en particulier pour le budget de l’année prochaine ?
Si l’accord est accepté, les finances lausannoises bénéficieront, comme toutes les autres communes, d’une partie des montants cantonaux dès 2021. La reprise chaque année plus importante d’une part de la croissance de la facture sociale se traduira pour Lausanne par une stabilisation des charges, au lieu d’un accroissement annuel de l’ordre de 4 millions de francs.

C’est donc parfait pour Lausanne?
Pas tout à fait: on peut regretter d’un point de vue lausannois que l’accord ne couvre pas les charges particulière de Ville-centre. Les Lausannoises et Lausannois assument pour près de 65 millions par an pour des prestations fournies aux autres habitants du Canton, principalement pour la sécurité, le sport et la culture. Nous avons une analyse solide de spécialistes à ce sujet et qui démontre ces chiffres. Ces charges devront être reconnues dans la péréquation.

Les communes en général et Lausanne en particulier doivent-elles poursuivre leur bras de fer avec le canton? En clair, les avantages concédés sont-ils définitivement acquis?
Cet accord montre que toutes les parties sont de bonne volonté et ont abouti à un compromis où chacun a fait des concessions. Toutefois la solidarité intercommunale est essentielle pour financer des prestations importantes à la population – je pense par exemple aux subsides Lamal. Chacun doit participer, y compris les communes riches dont les taux d’imposition sont plus bas que partout ailleurs dans le canton.