"Etat d'urgence", une ambition pour la ville?

PLAIDOYER • «Une ambition pour Lausanne», ou plus justement encore «Une ambition socialiste pour Lausanne». Tel aurait dû être le titre du livre du syndic Grégoire Junod, qui caracole en tête des ventes des librairies Payot.

Très bien écrit, intitulé «Etat d’urgence» et dédicacé par la socialiste française Anne Hidalgo, maire de Paris, l’ouvrage, s’il aborde comme annoncé l’urgence écologique, la place des villes dans le monde de demain, sans oublier celle d’un socialisme glorifié dans sa version sociale-démocrate, est d’abord un bilan de l’action de la Municipalité depuis plusieurs années. Difficile, au vu du timing de la publication, de ne pas y voir donc une arrière-pensée électorale évidente, tant il s’applique en outre à tenter de contenir la poussée verte annoncée, par des professions de foi environnementales aussi opportunes que sincères.

Mais il serait également injuste de ne le réduire qu’à cela. Il révèle également les intuitions d’un homme politique, d’ordinaire confronté à la gestion du quotidien et qui s’essaye par le jeu de l’écriture à prendre un peu de hauteur, même si, au-delà des difficilement contestables prescriptions avancées, on reste un peu sur sa faim sur la manière de les concrétiser. Car oui, les villes représentent à l’évidence un échelon négligé dans l’organisation de nos démocraties contemporaines. Mais comment y remédier? Comment également esquisser par le haut une sortie de l’état d’urgence écologique dont le constat est si justement dressé? Et puis enfin, comment concrètement extirper le socialisme d’aujourd’hui de la crise dans laquelle il est engoncé, sans boussole idéologique depuis la chute du mur de Berlin, malmené par la montée en puissance des écologistes, mais aussi miné par ses propres contradictions?

Au final, cet ouvrage est également une véritable ode au volontarisme politique et à la puissance publique comme acteur social, politique, et écologique majeur. Et c’est là que vient à l’esprit du lecteur une phrase naguère émise par un autre socialiste français, Lionel Jospin alors Premier ministre, et qui lança, comme un immense aveu d’impuissance: «L’Etat ne peut pas tout».

«Etat d’urgence», Grégoire Junod, Editions Favre