«J’ai récemment parlé à des partenaires en Allemagne. Et certains m’ont dit qu’ils craignaient plus les suicides que le coronavirus», raconte Fabrice Moscheni, chef d’entreprise et conseiller communal lausannois UDC. A lui seul, ce constat résume l’inquiétude ambiante qui point désormais. A quoi faut-il désormais donner la priorité - la santé ou l’économie - alors que les premiers et discrets signes d’amélioration se manifestent sur le front sanitaire et que la Ville vient par exemple d’autoriser la réouverture contrôlée des marchés de fruits et légumes.
«Je suis pour que l’économie reparte au plus vite. Si on attend que la crise sanitaire soit totalement terminée, on y sera encore à Noël. Nous devons donc d’ores et déjà nous préparer à vivre avec les deux crises, sanitaire et économique en même temps, alors que l’on sait que la dimension économique va devenir de plus en plus importante». «Les mesures sanitaires prises sont très positives sur la courbe, et celle-ci commence à s’aplanir observe de son côté la PLR Florence Bettschart-Narbel. Il ne faut donc pas relâcher la pression sur le plan du confinement. Mais je suis bien consciente de l’aspect économique: 30% PME et commerces risquent la faillite, avec chômage, détresse sociale et psychologique à la clé».
Ne pas aller trop vite
Et d’ajouter : «Dès que l’urgence sera passée, il faudra aller vers un déconfinement progressif, mais de manière très fine et secteur par secteur. Ainsi, pour une librairie, j’imagine que mettre en place des mesures de distanciation sera relativement facile, ce qui sera loin d’être le cas pour les bars et restaurants».
Même son de cloche pour le PS lausannois: «La priorité est évidemment la santé de la population, donc il faut bien réfléchir pour ne pas déconfiner trop vite, estime son président Denis Corboz. Ensuite, dès que possible bien sûr, il faut penser à faire repartir l’économie. Pour l’instant on a très peu de visibilité, mais il serait bien que dès la fin de mois d’avril, une fois que le pic de cas devrait être passé, on puisse avoir un calendrier au moins indicatif sur la manière dont va se dérouler la suite».
Les Verts lausannois, quant à eux affirment «évidemment» entendre l’inquiétude de l’économie. «L’économie est à l’arrêt depuis un mois, il ne faut pas se fermer les yeux, estime Xavier Company, co-président des Verts. Mais à titre personnel, je crois qu’il faudra veiller à ne pas foncer tête baissée pour revenir à la situation qui prévalait avant. Il va falloir tirer les leçons de cette crise et de ses acquis car il y a en a: la solidarité entre les personnes, la biodiversité qui reprend ses droits, le télétravail, et l’importance de l’économie locale et circulaire».