Entre la Ville et la FASL, le bras de fer continue de plus belle

QUARTIERS • Suspendues depuis janvier, les négociations autour de la convention ont repris fin mai entre la Ville et la FASL. Toujours en désaccord intrinsèque avec cette convention, les animateurs et les associations tirent la sonnette d’alarme.

  • En décembre dernier, les animateurs de la FASL avaient manifesté Place de la Riponne contre la volonté de la Ville de «municipaliser» l‘animation culturelle. MISSON

    En décembre dernier, les animateurs de la FASL avaient manifesté Place de la Riponne contre la volonté de la Ville de «municipaliser» l‘animation culturelle. MISSON

C’est un bras de fer qui n’en finit pas. Depuis fin mai, les négociations autour de la convention de subventionnement entre la Ville et la Fondation pour l’animation socioculturelle lausannoise (FASL) ont repris «pied au plancher». Mais pour éviter la précipitation, les animateurs socioculturels ainsi que les associations de quartier ont demandé au président de la FASL, Jacques-André Vulliet, de reporter la date d’adoption de la convention, initialement agendée au 25 juin.

Contrat de prestations?

A l’origine de cette demande: le personnel d’animation toujours farouchement opposé à cette convention et de profonds désaccords qui perdurent. Désignée par la Commission du personnel de la FASL, Carole Gachoud, animatrice au centre socioculturel des Bergières et déléguée syndicale chez SUD, explique: «Le problème principal reste que cette convention n’en a que le nom. En réalité, c’est un contrat de prestations. Nous n’arrivons pas à faire comprendre que notre métier se définit en fonction du terrain. Nous effectuons un travail social, pas de l’événementiel. Si les prestations demandées se basent en grande partie sur des activités déjà en vigueur, elles ne peuvent en revanche pas être uniformisées à tous les centres.»

Interrogé sur ce sujet, David Payot, municipal en charge de la DEJQ, reste évasif. «J’ai l’impression que des concessions ont été admises par chacun à différentes étapes. Au sein de l’animation socioculturelle, tous les acteurs – professionnels, associations et autorités - sont nécessaires et ont besoin d’une marge de manœuvre.»

Un temps de travail sous-évalué

Mais la marge de manœuvre qui leur est laissée n’est pas au goût des animateurs. Dans les faits, les représentants de la Direction enfance, jeunesse et quartier auraient affirmé que les prestations commandées laisseraient environ 50% de temps aux équipes d’animation pour développer des projets autonomes. «C’est un calcul obscur, réagit Aude Maurer, animatrice au centre de Malley-Montelly. La liste des prestations et les injonctions à prendre en charge des missions ou à participer aux projets de la Ville ont augmenté, et les ressources en temps sont sous-évaluées.» Exemple: pour une heure de prestation, le temps dévolu à la coordination, la préparation, l’administration et l’intendance ne devrait pas dépasser neuf minutes (15% du temps). Si l’on admet que ce temps sera inévitablement dépassé, «cela ne laisse plus de place pour réfléchir à d’autres projets. Si une telle convention aboutit, ce ne sera plus de l’animation socioculturelle.»

De plus, le «chantage au subventionnement» commence à peser lourd sur le moral des troupes. «Les différents acteurs sont fâchés et épuisés et il y a lieu de s’inquiéter pour la santé du personnel, parmi lequel les arrêts maladies se multiplient», poursuit Aude Maurer. D’anciens animateurs toujours impliqués dans le milieu auraient même écrit une lettre pour alerter le président de la FASL, préoccupés par la transformation du métier et la santé de leurs «collègues».

Le président de la FASL décrié

S’il est censé défendre les intérêts des animateurs, Jacques-André Vulliet a néanmoins été nommé à ce poste par la Ville. Ce qui lui confère un rôle ambigu aux yeux des animateurs, qui ne voient pas en lui un défenseur sur qui s’appuyer. «J’ai été nommé pour une mission: aboutir à une solution alternative à la municipalisation. Mais on ne pourra pas continuer ainsi des années. A un moment donné, il faudra prendre des décisions.» Quant à la validité de la convention actuelle, elle a encore été prolongée jusqu’au 31 décembre. Joëlle Misson