Elections communales 2021: plus de femmes candidates, mais...

LAUSANNE • Lors des prochaines élections au Conseil communal qui auront lieu le 7 mars prochain, 396 candidats vont briguer l’un des 100 sièges qui le composent. Représentent-ils l’idéal attendu par un système de milice comme le nôtre? Une étude apporte quelques réponses.

En Suisse, les élections générales dans les communes ont lieu tous les cinq ans. C’est un moment fort de la démocratie, son premier pilier même, en particulier de par sa proximité avec la population. A Lausanne, le 7 mars prochain, ils - elles - seront ainsi 396 à briguer un des 100 sièges du Conseil communal. Ce qui signifie, en première lecture, que l’attrait pour la chose politique demeure bien réel. Mais en termes de représentativité sociale, les listes proposées permettent-elles vraiment d’aboutir à une identité gouvernants-gouvernés telle qu’on l’attend à travers l’idéal du système de milice?

Une analyse universitaire

Cette question, Roberto Di Capua, premier assistant à l’Institut d’études politiques de l’Université de Lausanne, se l’est posée. Ayant effectué une partie de sa thèse de doctorat sur le profil social des conseillers communaux lausannois de 1945 à nos jours, il a réalisé une analyse à partir des données issues des listes officielles déposées auprès de la commune. Son but: analyser et étudier le profil socio-professionnel des candidat(e)s à partir de différentes variables socio-démographiques, comme l’âge, le sexe, la formation ou encore la profession, et en tenant compte des variations partisanes. Avec des résultats parfois surprenants, mais aussi révélateurs.

Le triomphe des quadras

L’âge moyen d’abord des can- didat(e)s. Celui-ci est de 43 ans. Ensemble à Gauche est la formation qui propose ainsi la liste la plus «jeune» avec une moyenne d’âge de 38 ans, suivie par celle des Verts avec une moyenne d’âge de 41 ans, puis le PS et les Vert’libéraux avec tous deux 42 ans de moyenne d’âge. Les formations partisanes les plus «âgées» sont le PLR et l’UDC avec respectivement 46 et 49 ans d’âge moyen au sein de leur liste.

Le sexe ensuite. L’ensemble des candidatures compte 208 candidats de sexe masculin (52% des candidatures) et 188 candidates de sexe féminin (48%). Les Verts et Ensemble à Gauche sont les deux listes à présenter légèrement plus de candidates. Néanmoins, le PLR et le PS présentent tous les deux des listes paritaires avec 50% d’hommes et 50% de femmes. Les deux formations présentant le moins de femmes sont les Vert’libéraux (34% des candidatures) et l’UDC (29% des candidatures).

Beaucoup d’universitaires

En termes de niveau de formation, une majorité importante de candidat(e)s sont en possession d’un titre universitaire. Soit 61% contre 39% qui n’en possèdent pas. Et la majorité des listes présentent plus de 50% de candidat(e)s en possession d’un titre académique: 73% chez les Vert’libéraux et les Verts, 63% au PS et au PLR. Ensemble à Gauche présente une liste paritaire en termes de niveau d’étude et avec respectivement 46% et 36%, l’UDC et Le Centre sont les deux seules listes dont les candidat(e)s ont pour la plupart une autre formation que celle universitaire.

En termes de catégories professionnelles ensuite, ce sont surtout les professions libérales, ou des personnes qui occupent une fonction de cadre dans le secteur public communal, cantonal ou fédéral (19%) qui sont majoritaires, les «abonnés absents» de cette élection étant les employés occupant une fonction subalterne dans le secteur privé.

Enfin, on observe d’importantes différences partisanes en termes de catégories professionnelles, les candidat(e)s exerçant une profession libérale se retrouvant principalement chez les Vert’libéraux, les Verts et le PLR. Alors que les indépendants ou commerçants se retrouvent essentiellement au centre et à droite de l’échiquier politique: 41% pour la liste Le Centre, 17% pour les Vert’libéraux, 16% au PLR et 14% à l’UDC. Les candidat(e)s salarié(e)s du secteur public se trouvent surtout au sein des formations du centre et de la gauche.

D’où les conclusions de Roberto Di Capua. «En termes de représentativité sociale, les listes semblent loin de permettre d’aboutir à une identité gouvernants-gouvernés attendue à travers l’idéal du système de milice» analyse-t-il. «Si nous assistons à une amélioration en termes de représentativité des femmes, le recrutement des candidat(e)s au sein des principales formations partisanes semble favoriser des Lausannois(e)s universitaires, exerçant une profession libérale ou une position de cadre dans le secteur public. Autrement dit, des catégories minoritaires au sein d’une capitale vaudoise en majorité composée de salarié(e)s exerçant souvent une fonction subalterne.»