Conservatoire de Lausanne: les parents d’élèves entrent en scène

Confronté à un important déficit annuel, le Conservatoire de Lausanne annonçait, en février dernier, des mesures pour assurer sa survie. Parmi celles-ci, la diminution du salaire de certains de ses enseignants. Aujourd’hui, ce sont les parents d’élèves qui montent au créneau contre l’augmentation, également prévue, de l’écolage.

Dans une lettre adressée à la direction du Conservatoire de Lausanne (CL), les parents d’élèves expriment leurs inquiétudes concernant l’augmentation de l’écolage et, par extension, l’accessibilité aux études musicales de cet établissement. Ils abordent aussi leurs craintes concernant l’attractivité de l’école et la qualité de son enseignement

Des hausses rédhibitoires

«Des parents nous ont contactés, affirmant déjà qu’ils ne pourraient pas faire face aux augmentations. Des élèves aussi ont déjà annoncé aux professeurs que la hausse était trop importante pour leurs parents», déplore José-Daniel Pernas, secrétaire fédéral du syndicat SUD, qui agit au sein d’une délégation avec l’Association des professeurs du Conservatoire (APC).

Concrètement, l’augmentation des écolages passe par des modifications de tarification. Ainsi, la pratique d’un deuxième instrument, gratuite jusque-là, devient payante. Pour les familles dont plusieurs enfants fréquentent l’établissement, cela implique des augmentations considérables. «Pour nous, cela représente une hausse de 30% et je ne sais pas encore si cela sera supportable financièrement, même si nous nous voyons mal renoncer à une partie de l’enseignement dont bénéficient nos enfants, témoigne une maman souhaitant rester anonyme. Cela nous touche autant affectivement que matériellement.»

Des discussions en cours

«Il y a des problèmes sérieux en vue, poursuit José-Daniel Pernas. Quel est le but de tout cela ? Certainement augmenter les rentrées pécuniaires aux dépens de la pédagogie mais cela pourrait aussi amener à faire du conservatoire une école élitiste... Nous risquons de créer une situation de déplacement vers d’autres écoles de musique pratiquant des tarifs plus bas que ceux prévus par le Conservatoire.» Deuxième élément justifiant l’augmentation de l’écolage: l’introduction de cours supplémentaires obligatoires dédiés aux ensembles musicaux. Si ces enseignements existent déjà, ils dépendaient néanmoins des instruments pratiqués ou du niveau d’études.

Le 23 avril, une séance de discussion a eu lieu, comprenant, d’un côté, des membres de la direction de la Haute Ecole de Musique et du Conservatoire, et, en face, de représentants de l’APC, de membres du Conseil représentatif du CL et de délégués de SUD. Pour mener cette négociation en bonne et due forme, les représentants des professeurs et les délégués de SUD attendent que la direction leur fournisse des documents, relatifs au budget et bilan de l’école, nécessaires afin «d’avoir, de chaque côté, les mêmes outils de travail pour avancer pertinemment et pour constater comment l’établissement fonctionne et où l’argent est dépensé, afin de proposer des solutions comme demander à augmenter les subventions si besoin», conclut José-Daniel Pernas.