A Chailly, une route qui continue à faire peur

POLÉMIQUE • La construction d’un immeuble au no 64 de l’avenue de Chailly continue de susciter la polémique. En cause, la proximité de sa façade nord avec la route qui rend l’utilisation de ce qui reste du trottoir aléatoire, voire dangereuse. Des riverains ont écrit à la Municipalité pour s’en plaindre.

Il y a quelques mois, un projet de construction avait suscité la colère et de nombreuses oppositions de la part de riverains dans le quartier de Chailly (LC éditions des 15 et 22 juin 2020). En cause, la destruction d’une bâtisse, un vieux chalet, notée 4 au recensement architectural du Canton, appelée à faire place à 2, puis finalement 4 bâtiments au numéro 64 a et b de l’avenue éponyme. Parmi les critiques les plus acerbes, celle concernant ce que les opposants au projet appelaient «la distanciation immobilière» du chantier, l’un des immeubles concernés se trouvant à moins d’un mètre, trottoir compris, de l’avenue de Chailly. Malgré les critiques et les oppositions, les permis de construire délivrés par la Municipalité avaient été jugés en tous points réglementaires, ce que le Tribunal cantonal avait par ailleurs confirmé.

Un passage dangereux

Neuf mois après, la construction des immeubles est terminée, les lieux sont habités, mais le sujet continue de faire parler de lui. Plusieurs personnes ont ainsi contacté notre rédaction, jugeant toujours inadmissible qu’une telle construction ait reçu un blanc seing des autorités. Deux riverains, Werner Sommer et Eric Annen, se sont même fendus d’une lettre de doléances à la Municipalité. Ils mettent en garde la Ville sur la dangerosité du lieu qui, avec un trottoir réduit à une largeur minimale de 90 cm derrière l’entrée 64b, ne permet pas un passage sans danger pour un parent avec enfants, et encore moins pour une personne avec un déambulateur. «Je suis moi-même handicapé, note Eric Annen. Je me déplace en chaise roulante et il est juste impossible de passer par là de peur de se faire happer par une voiture, ou pire un bus.»

«Au moment où les bus se croisent à cet endroit, ajoute Werner Sommer, ils doivent d’ailleurs fortement ralentir alors que la vitesse autorisée est de 50km/h.» Ce dernier affirme à ce sujet qu’il arrive même que les rétroviseurs des deux véhicules qui se croisent, se heurtent à la hauteur de ce passage. En période de chute de neige intense, comme ce fut souvent le cas cet hiver, celle-ci poussée par les chasse-neige contre le mur de l’immeuble, rend par ailleurs le trottoir totalement impraticable.

Et Werner Sommer de souligner: «Rentabiliser à tous prix a rendu service au propriétaire, mais au détriment des nombreux habitants du quartier comme aux conducteurs qui doivent être extrêmement attentifs à cet endroit. Sans parler des cyclistes que la Ville prétend défendre, puisque la piste cyclable existante a tout simplement disparu en cet endroit en raison de cette construction.»

Des mesures envisagées?

Contacté par nos soins à ce sujet en juin dernier, le Service de l’Urbanisme de la Ville nous avait alors confirmé que les permis de construire respectifs délivrés par la Municipalité étaient réglementaires. Il se disait toutefois conscient «qu’une meilleure harmonie entre construction sur parcelle privée et domaine public (devait) être trouvée», c’est pourquoi il aurait un œil attentif à cet aspect tout au long de la révision du plan général d’affectation.

Nous l’avons recontacté en lui demandant, notamment au vu des photos publiées ci-dessus, quelles dispositions il serait possible d’envisager pour rendre ce passage plus sécurisant pour les riverains, comme pour les cyclistes et les automobilistes. A l’heure de boucler le journal, le Service de l’Urbanisme de la Ville n’a pas répondu à cette question.