«Ces huit éoliennes seront inutiles et dangereuses pour les Lausannois»

GROGNE • Les opposants au parc éolien EolJorat Sud, prévu en 2026 sur la partie lausannoise des bois du Jorat, ont constitué un groupe de travail afin de faire capoter le projet. Entretien avec Christian Amacker, vice-président de l’association Eolresponsable et adversaire de la première heure des huit éoliennes.

  • Trois éoliennes seront installées près de la route de Berne. Photo Verissimo

    Trois éoliennes seront installées près de la route de Berne. Photo Verissimo

Lausanne Cités: Vous venez de former un groupe de travail pour combattre l’implantation du parc éolien EolJorat Sud dans les clairières des bois du Jorat, pourquoi une telle mobilisation?
Christian Amacker:
C’est très simple, l’impact de ce projet sur la région sera catastrophique. Il m’apparait donc essentiel d’en informer le maximum d’habitants. De nouveaux propriétaires sont venus s’installer ces dernières années et ils ne savent pas ce qui les attend.

Le Tribunal Fédéral a pourtant validé le Plan partiel d'affection (PPA) et balayé votre recours. Vous n’avez pas l’impression d’entamer un combat perdu d’avance?
Pas du tout! Il est vrai que nous avons perdu une première bataille, mais tout n’est pas perdu. L’élément déclencheur qui nous pousse à agir, c’est que la mise à l’enquête du permis de construire de chaque éolienne est imminente. Nous devons donc nous unir afin que la Municipalité de Lausanne se rende compte qu’elle fait fausse route.

Très concrètement, que reprochez-vous à ces huit éoliennes?
La liste est longue. Tout d’abord, il y a un évident danger sanitaire. En Allemagne et en Espagne, on construit des éoliennes de cette taille à au moins deux kilomètres des habitations. Pour ce qui est du projet EolJorat Sud, ce sera à moins de 400 mètres! C’est tout simplement délirant car on sait que ces installations génèrent du stress, de l’anxiété et des troubles du sommeil.

Ce qui reste tout de même supportable, non?
Absolument pas, car les pales des éoliennes créent aussi des bruits inaudibles, en d’autres termes du bruit à basse fréquence comme, par exemple, des infrasons. Selon une étude réalisée en 2021 à Taïwan, ce type de bruit perturbe le rythme cardiaque, ce qui est très grave. Donc en plus d’être inutiles, ces huit éoliennes seront dangereuses pour la santé des Lausannois.

Mais Lausanne n’est pas Taipei, comparaison n’est pas toujours raison…
Je suis d’accord, mais il y a d’autres problèmes. Tout d’abord, il y a peu de vent dans cette région. Ce qui explique certainement la surestimation volontaire de la Ville de Lausanne quant à la production électrique du parc EolJorat Sud. Elle l’a d’abord estimée à 80 GWh/an puis s’est ravisée et évoque désormais une fourchette comprise entre 55 GWh et 70 GWh. D’après nos calculs, la production s’élèvera au maximum entre 55 GWh à 60 GWh/an, avec des machines de nouvelles générations. Pour autant que les éoliennes tournent normalement.

Comment ça?
Il y a un autre paramètre qui a été ignoré par les concepteurs du projet, il s’agit des blocs de glace qui seront générés par les hélices quand les températures commenceront à baisser. En hiver, l’humidité se concentre sur les pales et forme de la glace qui est ensuite expulsée jusqu’à 280 mètres. Et je ne parle pas de glaçons pour l’apéro! Quand on sait que trois de ces éoliennes se situeront à proximité de la très fréquentée route de Berne, cela signifie qu’il faudrait tout simplement fermer cet axe de circulation. Au contraire de ce que prétendent les promoteurs éoliens, le jet de glace ne peut pas être empêché ni par les pales chauffantes, ni par l’arrêt des machines, car même à l’arrêt le vent arrache des bouts de glace des pales.

On l’aura compris, vous n’êtes pas en odeur de sainteté avec l’éolien…
Vous vous trompez, je pense que la crise énergétique liée la stratégie énergétique 2050 et à la guerre en Ukraine l’a démontré, il faut agir. Mais pas en gâchant le paysage, en ruinant la vie de centaines de personnes et en faisant des projets avec une faible production intermittente. Et je peux vous assurer que je ne suis pas le seul à le penser. L’association Que du Vent! a rejoint notre combat, tout comme la commune de Cugy, des élus de la région ainsi que des habitants. Nous nous réjouissons également de faire la connaissance du municipal en charge des Services industriels lausannois Xavier Company…

Vous êtes ironique?
Vraiment pas, je suis sûr qu’il écoutera attentivement nos arguments. En tant qu’écologiste, il ne peut qu’être sensible au fait que l’on s’apprête à installer une industrie dans un poumon vert lausannois.

La suite de votre lutte, vous l’imaginez comment?
Nous allons multiplier les séances d’information à destination de la population, la prochaine se tiendra le jeudi 30 juin à Froideville. Et si des élus de tous bords sont prêts à rejoindre nos rangs, nous les accueillerons à bras ouverts.