Beau-Séjour: les taxis obligent la Ville à faire marche arrière

CIRCULATION • Contraints de tourner à droite depuis l’avenue Juste-Olivier, les taxis ont vu leurs trajets substantiellement s’allonger pour les clients souhaitant accéder au quartier. Avec à la clé une course dont le prix double pour certains usagers. La Ville rétropédale.

  • Avant, les taxis pouvaient aller tout droit. Désormais, ils doivent tourner à droite. BONAVITA

    Avant, les taxis pouvaient aller tout droit. Désormais, ils doivent tourner à droite. BONAVITA

Depuis plusieurs années de nombreux aménagements de circulation visent à limiter ou réduire le trafic automobile au centre-ville. Il arrive parfois que certains d’entre eux aient des résultats collatéraux inattendus. Ainsi en est-il du côté de l’avenue Juste-Olivier.

Toujours dans le but de limiter le trafic dans le centre-ville, une obligation de tourner à droite depuis cette avenue et en direction de la rue Belle-Fontaine est récemment entrée en vigueur, modifiant ainsi l’accès au quartier Beau-Séjour. Cette obligation valable pour tous les véhicules particuliers, y compris les taxis, a eu pour effet de… renchérir le prix de la course pour de nombreux habitants du quartier. «Pour nous, cette mesure a immédiatement posé beaucoup de soucis avec les clients de la zone, confirme Abdelhakim Akrimi, président de l’Union des taxis lausannois (UTL). Depuis que la voie montante sud-nord a été réservée aux bus et interdite aux véhicules particuliers et aux taxis, nous sommes soumis à de nombreux détours pour accéder au quartier. Nous devons soit passer par l’avenue de la Gare soit par Belle-Fontaine et Mon-Repos. Le trajet étant rallongé, la facture grimpe et nos clients ont du mal à comprendre pourquoi!»

Ce que confirme une riveraine octogénaire: «Le prix de la course a quasiment doublé pour moi. Je n’ai pourtant pas le choix, avec ma mobilité restreinte et la nécessité de me rendre à l’hôpital tous les dix jours. Du coup, cela fait beaucoup pour mon porte-monnaie!». Afin «d’éviter la guerre avec les habitants du quartier», l’UTL a pris contact avec le service de la mobilité de la Ville pour demander que les taxis puissent être exemptés de l’obligation de tourner à droite, raccourcissant ainsi leurs trajets dans le quartier. Divine surprise, une réponse positive a été accordée à leur demande.

Demande légitime

«La demande des taxis est légitime et mon service est entré en matière sur le fait d’aller tout droit et non de tourner à droite», confirme ainsi Patrick Etournaud, chef du service de la mobilité à la Ville de Lausanne. «Toutefois, la mise en œuvre de cette décision prendra un peu de temps puisque nous devons préparer un dossier qui doit être validé par la Municipalité et ensuite transmis au Canton pour publication dans la Feuille des avis officiels. «C’est très bien, se réjouit Abdelhakim Akrimi, mais d’ici-là, cela nous fait un sacré manque à gagner puisque de nombreux clients renoncent à nos services. C’est bien dommage car des situations similaires à celle-ci, il y en a beaucoup à Lausanne.»