Application SwissCovid: «Ne pas brader notre liberté»

La conseillère nationale vaudoise vert’libérale Isabelle Chevalley explique pourquoi l’application de traçage SwissCovid pourrait représenter une menace pour notre démocratie.

  • L’applicaiton SwissCovid téléchargeable sur l’Apple Store et Google Play Store. En médaillon, Isabelle Chevalley. DR

    L’applicaiton SwissCovid téléchargeable sur l’Apple Store et Google Play Store. En médaillon, Isabelle Chevalley. DR

L’application SwissCovid ne peut être installée que sur une base volontaire. En quoi, selon vous, cela constitue-t-il une entrave à nos libertés?
Isabelle Chevalley:
Il n’y a pas d’entrave à nos libertés si la base reste volontaire. Par contre, si un restaurant ou un magasin nous oblige à installer l’application pour pouvoir pénétrer à l’intérieur de ses locaux, alors cela constitue une entrave à nos libertés!

Le code source de l’application est public, des garde-fous en matière de protection des données ont été proposés. Cela fait-il sens de se méfier de SwissCovid alors que tout le monde a sur son smartphone des dizaines d’applications comme facebook, google et autres qui siphonnent allègrement nos données et les monétisent?
Il ne faut pas confondre des applications comme Facebook ou Swisscovid. Je ne mets pas les données concernant ma santé sur facebook. Il faut être clair: on ne perd jamais sa liberté du jour au lendemain mais ce sont des petites évolutions qui s’intègrent dans la vie de tous les jours qui aboutissent à ce résultat, avec au bout, plus aucune liberté. Un exemple: la Chine a bel et bien fini par installer partout des caméras pour la reconnaissance faciale.

Un comité référendaire vient de se constituer pour s’opposer à SwissCovid en rejetant la modification urgente du 19 juin 2020 de la loi fédérale de 2012 sur la lutte contre les maladies transmissibles de l’homme. Soutenez-vous ce référendum?
Non, car je veux qu’il y ait une base légale qui encadre cette application. Les référendaires se trompent de combat. L’absence de loi ne signifiera pas «pas d’application», mais plutôt le manque d’encadrement légal de l’application. C’est bien pire!

SwissCovid se veut comme un outil supplémentaire pour préserver des vies potentiellement menacées par la pandémie. N’est il pas absurde de s’en passer alors que pour l’heure, ni remèdes ni vaccins ne sont disponibles?
On pourrait aussi interdire les voitures qui tuent chaque année des centaines de personnes, pourtant, on ne le fait pas. C’est une question de proportionnalité. La liberté est la chose la plus précieuse dont on dispose, il ne faut pas la brader. Une fois qu’elle sera perdue, il sera difficile de la retrouver. On sait que les personnes les plus vulnérables sont les personnes âgées qui ne vont certainement pas installer massivement cette application. Ne devrions-nous donc zpas trouver des actions plus ciblées?

Surréaliste conférence de presse

Rarement conférence de presse aura été aussi surréaliste que celle tenue par les membres du comité référendaire contre Swiss Covid (plus exactement contre la modification urgente du 19.06.2020 de la loi fédérale du 28 sept. 2012 sur la lutte contre les maladies transmissibles de l’homme), le mercredi 22 juillet dernier à Genève. Approximations, raccourcis surprenants, phrases à l’emporte-pièce lancées par des intervenants qui paraissaient parfois aussi inspirés qu’égarés, avec au bout de l’exercice, une difficulté à comprendre les arguments qui ont poussé le comité à s’opposer à l’application de traçage lancée par l’OFSP, mêlant éléments techniques (faible fiabilité du bluetooth) vaguement complotistes et outrances contre pêle-mêle Bill Gates ou le Conseil fédéral. Seul moment réellement convaincant : la présentation des chiffres fournis par l’OFSP, qui objectivent une très impressionnante diminution du nombre de décès, à mille lieues du catastrophisme actuel. CA