Animation de quartier: le personnel de la FASL rompt les négociations

VIE DES QUARTIERS • Entre la Ville et la Fondation pour l’Animation socioculturelle Lausannoise (FASL), la crise était profonde. Elle vient de franchir un pas supplémentaire avec le retrait du personnel de la FASL des négociations en cours. Le Municipal David Payot veut calmer le jeu.

«Depuis l’annonce par la Ville de sa volonté de municipaliser l’animation socioculturelle (fin novembre 2019, ndlr), tout le personnel de la FASL est resté mobilisé. Malgré les discussions difficiles en cours avec la Ville, il a assuré le maintien de la qualité de l’offre des lieux d’animation dans les quartiers», tient d’emblée à dire Séverine Pedraza. Mais aujourd’hui, trop, c’est trop! «La Convention de subventionnement qu’elle nous propose en lieu et place de notre fonctionnement habituel est juste inapplicable et inacceptable. On ne cesse de marquer de la défiance à notre égard et on ne supporte plus les demandes incessantes de la Ville qui nous prive de nos capacités à rester au plus près des besoins de la population.»

Un sentiment de maltraitance

Fort de ce constat, le personnel de la FASL a donc décidé de quitter les négociations en cours. «Nos griefs ne concernent pas que le contenu de la nouvelle convention proposée. Ils visent aussi la manière dont les négociations sont menées avec un Conseil de fondation qui est totalement instrumentalisé par la Ville et ne nous soutient pas. C’est révélateur d’un profond dysfonctionnement structurel» martèle Séverine Pedraza. Qui ajoute: «La Ville a deux sièges au Conseil de fondation. Elle a nommé trois membres, dont son président. Cet organe n’est absolument plus représentatif. Le personnel a donc décidé en assemblée générale de retirer ses deux délégués.»

Corollaire, il a donc aussi décidé de se retirer du groupe FASL de négociation, «tant que la situation ne sera pas assainie et que cet espace ne prendra pas en compte la position et l’expertise des professionnels du terrain». Tant également que le personnel ne pourra y siéger de manière indépendante. «Nous avons aujourd’hui un réel sentiment de maltraitance. Beaucoup d’animateurs sont en arrêt maladie. Ce n’est pas acceptable.»

Pas de dysfonctionnement

Face à ce retrait annoncé, David Payot (en médaillon) tient à calmer le jeu. Pour le Municipal en charge du dossier, le dialogue n’est pas rompu. «Les représentants du personnel ont demandé à rencontrer une délégation de la Municipalité avec les représentants des associations, de la direction et du comité de la Fondation. Nous tenons à une démarche incluant les représentants de ces différents acteurs et ces échanges auront donc lieu prochainement.»

Il réfute par contre tout dysfonctionnement structurel. «Le Conseil de fondation inclut des représentants des associations, du personnel, de la Ville et des milieux intéressés à l’animation socioculturelle. C’est un point défini par les statuts depuis 25 ans.»

Une réforme en cours

En revanche, il admet que le Conseil de fondation est actuellement le seul lieu officiel de concertation entre ces différents acteurs et que cela n’offre pas un cadre adéquat. Une réforme a donc été proposée. Elle implique un Conseil de fondation plus indépendant, et d’autres espaces de négociation entre la Ville et les autres acteurs de l’animation socioculturelle. «Je suppose que les critiques formulées par l’association du personnel visent surtout à lui assurer une place à la table des négociations, et nous y sommes ouverts», souligne ainsi David Payot. Qui ajoute: «Nous allons à présent analyser les différentes contributions qui nous sont parvenues, et reprendre les négociations avec les acteurs de la fondation, des associations de chaque lieu d’animation, et bien sûr avec le personnel.»