«2009: l’an zéro de l’intégration des musulmans»

VOTATION SUR LES MINARETS • Il y a dix ans, les Suisses adoptaient en initiative populaire l’interdiction des minarets. Secrétaire général de l’Union vaudoise des associations musulmanes, Pascal Gemperli revient sur une décennie qui a changé la vie de ses co-religionnaires.

  • Pascal Gemperli, président de l’Union vaudoise  des associations musulmanes. DR

    Pascal Gemperli, président de l’Union vaudoise des associations musulmanes. DR

Cette votation a-t-elle changé la vie des musulmans vaudois?

L’écrasante majorité des musulmans vivant parfaitement bien dans une symbiose islamo-helvétique, l’interdiction revenait à rejeter une partie de leur identité. Cela me semble suffisamment important pour manifester notre désaccord, même si dans la vie de tous les jours elle n’a pas changé grand-chose.

Au fond cette votation n’aurait donc aucune importance?

Au contraire, c’est en grande partie grâce à cette votation que l’UVAM a pris la voie de l’ouverture et du rapprochement avec les autorités vaudoises. Pendant que Vaud affichait son ouverture en refusant l’initiative, l’urgence pour plus de compréhension s’est clairement manifestée sur le plan suisse.

Peut-on aussi dire que cette votation a eu des côtés positifs?

Partout en Suisse, les associations musulmanes ont été bousculées par cette votation. Cela a provoqué plus d’ouverture, plus d’engagement et une remise en cause. Je propose de considérer 2009 comme l’an zéro de l’intégration des musulmans de Suisse. A partir de là, il n’y a plus de retour, plus d’excuses, nous sommes partis tous ensemble pour entamer notre destin commun en tant que société plurielle et solidaire.

Faut-il selon vous abroger cet article constitutionnel ?

Je suis de l’avis que le peuple doit défaire ce que le peuple a fait, mais je ne vois pas qui voudrait mettre son énergie là-dedans. Elle passera probablement à la trappe lors du prochain toilettage général de notre constitution.

Propos recueillis par Charaf Abdessemed