100 femmes qui ont fait Lausanne

CULTURE • Pour la première fois, un ouvrage grand public rend justice à 100 femmes qui ont marqué de leur empreinte la ville de Lausanne. Illustré par la dessinatrice Hélène Becquelin, il s’appuie sur des recherches historiques solides et s’adresse à un vaste public.

  • Mère Sofia est une figure emblématique du Lausanne des années 80-90 à travers ses actions de soutien aux plus déshérités. Elle est décédée en 1996, à l’âge de 49 ans. HéLèNE BECQUELIN

    Mère Sofia est une figure emblématique du Lausanne des années 80-90 à travers ses actions de soutien aux plus déshérités. Elle est décédée en 1996, à l’âge de 49 ans. HéLèNE BECQUELIN

Elles se prénomment Françoise, Alice, Claire, Germaine, Elisabeth, Elvire, Henriette ou encore Jacqueline, pour ne citer qu’elles. Elles proviennent de tous les milieux sociaux et sont artistes, militantes, scientifiques, politiciennes, sportives ou encore pédagogues. De l’An 1000 de notre ère, jusqu’à aujourd’hui, elles ont marqué de leur empreinte le développement de la ville de Lausanne. Le destin de 100 d’entre elles est aujourd’hui raconté dans un livre, «100 femmes qui ont fait Lausanne». Cet ouvrage est à la base un projet de la Ville, doublé d’un travail de groupe. Il a été illustré par l’artiste lausannoise Hélène Becquelin. Les historiennes Ariane Devanthéry, gardienne du patrimoine de l’Etat de Vaud, et Corinne Dallera, à qui ont doit notamment un autre ouvrage «Du salon à l’usine: vingt portraits de femmes. Un autre regard sur l’histoire du canton de Vaud» ont travaillé sur sa documentation. Isabelle Falconnier, déléguée à la politique du livre de la Ville, a contribué à sa rédaction, le tout sous la houlette de Joëlle Moret, déléguée à l’égalité de la Ville.

Des destins hors du commun

Cette publication, composée de textes courts, «tous publics», très ins- tructifs, permet de remonter le temps et de retracer les interdits, les stéréotypes et les obstacles auxquels ces personnalités, qui étaient souvent des pionnières dans leur discipline, se sont heurtées du fait de leur genre. Elles ont ainsi quasi toutes été victimes de discriminations qui ont pris plusieurs formes, de l’interdiction d’accéder à certaines filiales universitaires à l’absence de soutien de leur entourage, des formes d’art ou de littérature interdites aux femmes, aux longues batailles pour acquérir l’obtention du droit de vote.

Cet ouvrage nous apprend ainsi, à titre d’exemples, qu’Henriette d’Angeville, première femme à avoir organisé son expédition au sommet du Mont-Blanc, a vécu à Lausanne. Que Lolette Payot, la meilleure tenniswoman suisse de tous les temps, bien avant l’arrivée de Martina Hingis, puisque née en 1910 et décédée en 1988, a grandi du côté de Montchoisi. Que l’herbier de Rosalie de Constant sert toujours de référence dans l’histoire de la flore. Que c’est une Lausannoise encore, Valérie de Gasparin Boissier, qui a ouvert la première école laïque d’infirmières du monde. Ou encore que Cécile Biéler-Butticaz est la première femme ingénieur-électricien à avoir décroché un diplôme de l’Ecole d’ingénieur de Lausanne, ancêtre de l’EPFL. C’était en 1907. Trente ans plus tard, c’est encore elle qui cofondera le club Soroptimist de Lausanne, un réseau mondial de femmes exerçant une activité professionnelle.

Valoriser des récits

100 destins, 100 parcours d’exception, 100 pionnières aux talents souvent méconnus, cet ouvrage fait incontestablement écho en nous interrogeant sur la place des femmes dans l’histoire, dans la société et au sein de l’espace public. Il illustre par ailleurs la nécessité de valoriser des récits oubliés par l’histoire officielle... écrite essentiellement par les hommes. Indispensable alors que ce lundi 8 mars, on célébrera la Journée internationale des droits de la femme.

«100 femmes qui ont fait Lausanne. Dans les pas des pionnières». Editions Antipodes