La Rue de Bourg: de l’art de paver une rue en pente...

Chaque semaine, Lausanne Cités en collaboration avec l’équipe du livre «Une journée à Lausanne» et les éditions Favre vous proposent deux photographies d’un même lieu à Lausanne, hier et aujourd’hui, accompagnées d’une anecdote y relative. Aujourd’hui, la rue de Bourg.

  • GEOFFREY COTTENCEAU

    GEOFFREY COTTENCEAU

«C’est en arrivant à Lausanne, à l’adolescence, que la rue a pris une ampleur particulière. La pente. Les pavés. Les larges trottoirs. Les rues piétonnes. Les rues lausannoises sont différentes. Plus lentes, plus alambiquées, plus aériennes. Monter–descendre. Mes primes sensations de Lausannoise ont été désagréables.

Un jour, c’était mon premier jour d’école, je suis passée au centre-ville et ai découvert la rue de Bourg. Oh, pas les boutiques de luxe. La rue, littéralement. Des hommes étaient affairés à paver la rue. Extase. Réussir à paver cette rue pentue sans que les pierres glissent lentement en bas m’intriguait beaucoup. À observer les paveurs, j’ai un peu saisi de leur art. Ils m’ont expliqué qu’ils pavaient en «arc et cunette», parfois simplement en arc de cercle, d’autres de manière circulaire ou en «fougère». Les pavés de 6 cm sur 8 cm sont le plus souvent en grès gris, parfois en basalte sombre, en grès rouge, en porphyre rouge ou jaune. Du marbre blanc orne même certaines rues.

Les pieds dans le sable, un botte–cul attaché aux fesses, un cordeau suspendu sur l’ouvrage, les paveurs jouent, assemblent un puzzle géant confinant à l’art. Observer un paveur est bien plus poétique qu’observer un asphalteur en pleine action. Aujourd’hui encore, devenue adulte, je conserve une tendresse particulière pour cette tradition».

Annick Chevillot, paru dans le magazine La Ficelle en 2017