Au Grand Pont, un inspecteur de police en embuscade

Chaque semaine, Lausanne Cités en collaboration avec l’équipe du livre «Une journée à Lausanne» et les éditions Favre vous propose deux photographies d’un même lieu à Lausanne, hier et aujourd’hui, accompagnées d’une anecdote y relative. Aujourd’hui, le Grand-Pont.

  • GEOFFREY COTTENCEAU

    GEOFFREY COTTENCEAU

Surnommé «Traclette», Marius Augsburger, inspecteur et ancien sous-chef de la «Sûreté», raconte: «Les vols continuaient à se multiplier. Il y eut celui de la bijouterie H. au boulevard de Grancy. On y déroba pour 30’000 fr. de marchandise. Une paille! Moi, je surveillais mon de B. à la loupe. Je le filais régulièrement dans toutes ses courses. [...] Un soir, je me dissimule sous une des voûtes du Grand-Pont. Le regard fixé sur les Escaliers du Grand-Chêne, j’attends ! Je vois alors sortir les deux frères de la salle d’escrime. L’un d’eux s’en va prendre le funiculaire du Lausanne-Ouchy cependant que l’autre, le «grand», s’en va faire les courses. Je lui emboîte le pas, bien entendu, et reviens vers lui – mais à son insu – au funiculaire qu’il prend à son tour. Il est là, à sa table réservée. La Sûreté, à cette époque, était installée en gare, l’ancienne. Je me poste donc dans mon propre bureau et continue ma surveillance. L’escrimeur entre à son tour au café. Puis les deux frères en repartent ensemble. Je me remets sur leurs traces. Ils me conduisent à leur domicile, avenue Dapples. Pendant trois heures, je les épie du propre balcon de leur appartement, devant la fenêtre de la salle à manger où ils se tenaient. J’assiste à leur dîner et je les surprends ensuite en train de se partager de l’argent...»

Anecdote tirée de l’ouvrage: «Les mystères du Lausanne 1900: mémoires d’un Sherlock Holmes vaudois» Molles, Georges et Roger. Éditions Slatkine, 1992.