Tribune libre: "Voter, c’est perpétuer une tradition helvétique"

Pour Bashkim Iseni, délégué à l'intégration, la participation aux élections des étrangers qui ont le droit de vote à Lausanne est un immense défi à relever par l'ensemble de la société.

Grâce à la Constitution vaudoise de 2003, les personnes étrangères peuvent voter et se faire élire sur le plan communal, pour autant qu’ils bénéficient d’un permis de séjour en Suisse depuis 10 ans, dont trois ans dans le canton de Vaud. Ce dernier fait partie des pionniers en matière d’élargissement des droits politiques envers les personnes qui n’ont pas le passeport suisse. Dans certains cantons, ce droit hautement symbolique ne figure même pas à l’horizon de leurs futurs agendas politiques. Toutefois, force est de constater que les bénéficiaires de cet acquis historique vaudois (et lausannois) votent significativement moins que les citoyen-ne-s suisses. Deux enjeux de taille se posent face à ce constat. D’une part, l’amélioration de la participation des citoyens sans passeport suisse, mais aussi de celui des jeunes et des personnes souffrant d’handicap, est une priorité. Voter ou se faire élire, c’est faire partie et prendre part au destin commun, c’est la base de la construction en société, et ce depuis la démocratie athénienne.

Cette intégration politique contribue aussi à asseoir une plus grande légitimité des pouvoirs en place par le concours d’une pluralité de segments de la cité. C’est aussi une voie incontournable pour se faire entendre et façonner la réalité de la scène politique en harmonie avec la diversité de notre société. D’autre part, le vote est un véritable art en Suisse. C’est la quintessence de la tradition démocratique de ce pays, qui tire sa souveraineté intérieure et extérieure par le rôle actif de ses citoyens, via la participation à des votations ou objets référendaires. Ainsi, au-delà de l’aspect statistique du pourcentage des votants, la transmission de cette fibre participative est un devoir des acteurs qui ont pour mission d’accompagner l’immersion des personnes venant d’horizons culturels et politiques d’ailleurs. Le réflexe participatif, le fait de se sentir concerné par la chose politique locale ainsi que la discussion des objets de votations dans les foyers vaudois et lausannois font partie de l’héritage culturel suisse. Il est de notre devoir de les perpétuer!