Tribune libre: "Pour une City-Card à Lausanne"

Pour Joachim Manzoni, membre du bureau du POP Lausanne, créer une City-Card à Lausanne garantirait des droits indépendamment du titre de séjour ou du statut migratoire.

Personne ne quitte son pays par gaité de cœur. Ceux qui sont obligés de le faire, le font toujours parce qu’ils et elles sont poussé.e.s par la faim, le froid (bientôt le chaud!) ou la guerre. Si les aventurières et aventuriers modernes partent avec l’angoisse du départ, ils savent qu’ils sont accompagnés par ce qu’ils laissent derrière eux.

Les sans-papiers, eux, ne sont pas des aventuriers. Etre sans-papier, c’est abandonner une partie de soi-même et de son humanité, c’est être hanté par ce qu’on laisse derrière soi: la sonorité d’une langue, une culture, ses chants sa cuisine, un pays et ses odeurs, ses souvenirs.

Etre sans-papier n’est pas un trait de personnalité, ni un statut définitif. Ce n’est que temporaire et notre rôle est d’offrir un peu d’humanité, de respect et d’accueil pour leur permettre de se reconstruire.

En émettant une City-Card, Lausanne reconnaîtrait des droits à tous ses habitants et permettrait aux plus faibles de ne plus vivre cachés en donnant accès à des services essentiels. Comme certaines communes suisses (Zurich, La Chaux-de-Fonds et Fribourg), Lausanne agirait concrètement pour favoriser l’intégration de ceux qui vivent parmi nous et avec nous. En réfléchissant sur une telle reconnaissance, notre ville garantirait des droits indépendamment du titre de séjour ou du statut migratoire.

Aujourd’hui, nous ne pouvons pas accepter que des enfants soient cachés, que des personnes disparaissent, sans droit d’exister, alors que de nombreux sans-papiers travaillent, tout en étant à la merci d’un accident, d’un contrôle ou d’une dénonciation. Les «illégaux» d’autrefois sont pourtant reconnus dans notre communauté, malgré leurs cicatrices et un sentiment d’illégitimité permanente: médecins, garagistes, municipaux, ils ont enrichi notre ville et continuent de le faire. Appelons maintenant les communes vaudoises à se lancer dans une telle aventure démocratique!