Tribune libre: "Acheter en ville ou en ligne? "

Pour Pascal Vandenberghe, directeur général des librairies Payot, il ne faut pas opposer commerce en magasin et vente en ligne, pour peu que celle-ci se pratique dans des règles de concurrence loyale?

L’initiative du syndic de Lausanne Grégoire Junod, qui a mobilisé trente de ses confrères responsables de communes de Suisse romande dans une «pétition au Père Noël» pour inciter la population à faire ses achats en ville plutôt qu’en ligne, est louable. Elle participe d’une prise de conscience des risques que font peser les achats en ligne, surtout lorsqu’ils sont effectués sur des sites étrangers, sur les commerces physiques, en particulier indépendants et de taille modeste.

Contrairement à ce que qu’affirment les thuriféraires du Black Friday, particulièrement vivace sur Internet, et plus généralement d’un commerce en ligne à outrance, dans lequel les règles d’une concurrence loyale sont souvent bafouées, il ne s’agit pas de «moraliser» ou de culpabiliser la clientèle, mais de faire appel à son sens des responsabilités. Dire ou écrire qu’une compagnie comme Amazon détruit des emplois, pratique le détournement fiscal à grande échelle, traite son personnel comme du bétail, crée des dommages à l’environnement, c’est dire des vérités que certains voudraient ignorer, calfeutrés derrière leur écran à la recherche de prix toujours plus bas quel qu’en soit le coût pour la société, l’économie et la planète.

Pour autant, faut-il opposer commerce en magasin et vente en ligne, pour peu que celle-ci se pratique dans des règles de concurrence loyale? Certainement pas. Et les petits commerces, qui n’ont pas les moyens de développer eux-mêmes une présence en ligne efficiente, doivent-ils rester au bord du chemin? Assurément non: des solutions existent, qui permettent de mutualiser les coûts, proposer des solutions aussi bien de retrait en magasin que d’expédition chez le client, comme la plateforme Genève Avenue le propose déjà au bout du lac. Dupliquer ce modèle à Lausanne serait simple, rapide, peu coûteux et efficace. Les commerçants lausannois feraient bien de s’en inspirer. Cela ne tient qu’à eux, et c’est de leur responsabilité de trouver des solutions pour assurer leur avenir. En ville et en ligne.