Plafond de verre et queer-shaming...

  • Mehdi Künzle - Président  VoGay, Association vaudoise  pour la diversité sexuelle et de genre  dr

    Mehdi Künzle - Président VoGay, Association vaudoise pour la diversité sexuelle et de genre dr

Il y a quelques semaines encore, une amie journaliste me demandait ; mais où sont donc les élu.e.s LGBT (lesbiennes, gays, bi, trans) romand.e.s ?
A l’inverse des villes, cantons ou communes suisses alémaniques, les élu.e.s LGBT* en Romandie rechignent souvent à faire leur «coming-out» durant leur campagne ou leur mandat, à peu d’exceptions près. La question qui se pose naturellement est: Pourquoi? Cela peut s’expliquer par la crainte des discriminations, du discrédit ou encore par peur de s’exposer soi-même et son entourage aux déferlantes de haine que peuvent subir régulièrement les personnalités publiques quand elles sont out, et il n’a pas fallu attendre longtemps avant d’en avoir confirmation. Suite à l’élection de Thierry Apothéloz au Conseil d’Etat genevois, il était clair qu’un plafond de verre avait été brisé. Pour la première fois, un homme ouvertement gay, rejoint le Conseil d’Etat genevois. Certain.e.s diront que c’est tout à fait normal, la Suisse étant un pays ouvert, démocratique et libéral, il n’y a aucune raison pour qu’une personne compétente ne soit pas élue en raison de son orientation sexuelle et/ou son identité de genre. Mais dans la Real politique, cela n’est pas une mince affaire, surtout du côté romand.
Etre élu.e est une chose, passer à travers le LGBT ou queer-shaming, le body-shaming et d’autres joyeuses formes d’injures, de bashing et de harcèlement en est une autre. En effet, à peine élu.e.s, les injures fusent, prévisibles telle l’organisation de la clé à buanderie et tranchantes telle une lame de bistouri, elles viennent de partout, du regard de la chauffeuse de bus, du caissier de la superette, du troll sur Facebook ou encore de l’ancien élu genevois à la tête d’un domaine viticole éponyme. Même prévisibles, ces injures blessent, cassent et détruisent, surtout lorsque le chemin fut long et qu’on a dû fournir le double d’efforts que la moyenne pour arriver au même résultat.

«Genève préfère les beaux parleurs et les homos ...» sic.
Monsieur Debaillets ne fait heureusement partie ni d’une catégorie ni de l’autre, ce qui laisse un choix assez conséquent pour les Genevois.e.s, qui préfèrent les mauvais parleurs et les homophobes, pour autant qu’il y en ait. Sur une si belle lancée, dur de s’arrêter, il a encore fallu comparer homosexualité et pédophilie, histoire de ne pas oublier que la bêtise existe encore et qu’elle nourrit les esprits exclusifs, paternalistes et réellement lamentables par leur ignorance, de toutes les sociétés.