La pression paie

  • Sophie Michaud-Gigon, Secrétaire générale Fédération romande  des consommateurs dr

    Sophie Michaud-Gigon, Secrétaire générale Fédération romande des consommateurs dr

En début de semaine, les CFF ont annoncé fièrement qu’ils allaient offrir 120 francs de bon aux détenteurs d’abonnement général. C’est évidemment une bonne nouvelle. Mais la raison de cette annonce est un peu passée sous silence. Si les CFF envoient ces bons à une partie de leur clientèle, ce n’est pas par générosité intempestive. C’est le fruit de la pression du Surveillant des Prix. Le trafic Grandes lignes n’a pas le droit de faire de bénéfices. Or, chaque année, il fait plusieurs dizaines de millions de revenus en trop. Monsieur Prix veille au grain pour que cet argent soit bel et bien redistribué au consommateur, par exemple sous forme de bons, mais également sous forme de billets dégriffés. L’utilisation de ces bons n’est en revanche pas libre. Il ne sera par exemple pas possible de l’utiliser pour renouveler son AG ou acheter une carte d’accompagnement. Une limitation difficilement compréhensible puisqu’un bon valable pour tous les services, comme c’est souvent le cas, aurait davantage satisfait les consommateurs détenteurs d’un AG.

Replacer les effets d’annonces des entreprises dans leur contexte, c’est rappeler que c’est souvent la pression mise par les consommateurs qui porte ses fruits. Deux exemples récents: la FRC avait demandé l’année passée aux CFF de dédommager les pendulaires qui seraient touchés par l’interruption de la ligne Lausanne-Fribourg. C’est désormais chose faite. La FRC s’était mobilisée contre la pratique de Decathlon d’obliger les clients à fournir des données personnelles à chaque achat. Decathlon est revenu en arrière cette semaine. Il y a quelques temps, le filtre de Swisscom contre les appels publicitaires ou les conditions des fitness ou des opérateurs ont montré également que la pression peut payer. Parfois, les résultats mettent du temps à venir, d’autre fois, les entreprises jouent le jeu, mais quoi qu’il en soit le pouvoir d’agir - slogan de la FRC - existe bel et bien et lorsqu’il est collectif, les succès sont plus grands.