Boutcha: des crimes à punir

Pour Nadia Boehlen, porte-parole d’Amnesty International Suisse, Les Etats doivent absolument soutenir l’enquête de la Cour pénale internationale ainsi que le travail de la justice ukrainienne pour établir les responsabilités sur ce qui s'est passé à Boutcha.

 

Nous avons été profondément choqués par les images terrifiantes en provenance de la ville de Boutcha, récemment reprise aux Russes par les forces ukrainiennes. Des centaines de corps ont été découverts enterrés dans des fosses communes ou jonchant les rues. Certains civils retrouvés avaient une balle dans la nuque et les mains liées. Les images qui ont circulé laissent croire à des exécutions sommaires en série.

Les informations en provenance de cette ville font état de pratiques bien établies dans d’autres zones occupées de l’Ukraine, parmi lesquelles figurent des exécutions extrajudiciaires et des actes de torture. Amnesty a recueilli des informations sur l’intensification des atteintes au droit international humanitaire, notamment les morts de civils résultant d’attaques aveugles contre des zones et infrastructures civiles, les attaques sur des lieux protégés, comme des hôpitaux et des écoles, le recours à des armes frappant sans discrimination, par exemple les bombes à sous-munitions.

Les Etats doivent soutenir l’enquête de la Cour pénale internationale ainsi que le travail de la justice ukrainienne pour établir les responsabilités. Ils doivent aussi permettre l’application du principe de compétence universelle selon lequel ils peuvent poursuivre une infraction sur leur territoire même si elle a été commise ailleurs. En ce sens, il faut saluer l’annonce faite par le Ministère public de la Confédération de mettre en place une taskforce chargée de poursuivre les criminels de guerre présumés impliqués en Ukraine qui pourraient transiter par la Suisse.