L’hygiénisme triomphant, l'éditorial de Fabio Bonavita

Elle est là depuis plusieurs années, certains s’en offusquaient déjà en 2010 lorsque la cigarette était bannie des lieux publics, d’autres estimaient qu’il n’y avait pas encore lieu de s’en alarmer, et pourtant la petite mélodie de l’hygiénisme a triomphé. Nos vies sont désormais régies par la réduction des risques, le silence, la crainte quotidienne de côtoyer la mort ou pire encore de contaminer son voisin.

Alors que l’on se remet à peine de toutes les conséquences de la pandémie de Covid, les ayatollahs de la prédiction sanitaire nous rabâchent déjà qu’une nouvelle vague de contaminations déferlera cet automne. Pire, ils émettent aussi l’idée de devoir se faire vacciner contre la variole du singe. Les symptômes de ce nouveau virus? Un peu de fièvre, des frissons, une grande fatigue et souvent une éruption cutanée. C’est dire l’ampleur de la menace…

Pour les plus téméraires qui osent encore sortir de chez eux, le Canton de Vaud leur a réservé une jolie surprise avec l’interdiction des Color Run, ces courses inspirées des fêtes indiennes où les participants se balancent des poignées de pigments colorés dans un élan de convivialité. La raison de cette interdiction? Ces poudres contiendraient des additifs qui pourraient être allergènes. Là aussi, on frôle l’hécatombe.

Et si cela ne suffisait pas, nos centres urbains doivent désormais être pacifiés. Les voitures sont chassées, les fêtards sermonnés et les décibels traqués. L’objectif ultime? Que l’hypercentre lausannois devienne aussi silencieux que la forêt de Sauvabelin. Il en va de la tranquillité de tous. Reste qu’à vouloir tout sécuriser à outrance, on finit aussi par oublier de vivre...