Ceci n’est pas un journal, l'éditorial de Pascal Fleury, directeur général

Pour le directeur général de Lausanne Cités, le projet d'aide aux médias concocté par le Conseil fédéral en excluant volontairement et en toute connaissance de cause la presse gratuite, foule allègrement et sans vergogne le principe même de la libre concurrence.

L’objet que vous tenez présentement entre les mains n’est pas un journal et encore moins un média, du moins selon les critères établis par le Conseil fédéral en vue du futur paquet d’aide aux médias dont le peuple sera appelé à se prononcer le 13 février prochain et qui selon la version fédérale officielle doit principalement renforcer les médias régionaux. Tous? Pas vraiment en fait puisque le CF exclut volontairement et en toute connaissance de cause la presse gratuite, comme ce fut déjà le cas précédemment lors du plan d’aide d’urgence aux médias de 2020. Par contre les titres nationaux aux mains de grands groupes de presse, largement bénéficiaires, seront eux bien alimentés par ces futures subventions. De même que les radios, TV régionales et autres médias en ligne, qui sont d’ailleurs pour la plupart d’entre eux aussi des médias gratuits.

Les chambres fédérales n’ayant rien trouvé à y redire non plus, on se retrouve donc avec un plan de 151 millions qui foule allègrement et sans vergogne le principe même de la libre concurrence, en choisissant, selon des critères purement élitistes, les médias qui méritent d’être soutenus ou non, et créant de facto une inégalité crasse entre les médias subventionnés par la Confédération et les autres, soit des titres gratuits et régionaux, qui en plus de ne recevoir aucune aide devront faire face à une concurrence aux moyens renforcés par l’argent de vos impôts.

C’est pourquoi nous appelons à voter non à ce train de mesures pour les raisons évoquées plus haut. Le Conseil fédéral doit revoir sa copie et proposer un projet qui met tous les médias sur un pied d’égalité ou alors renoncer à toute intervention. Mais fausser ainsi la concurrence dans un marché déjà difficile est totalement inacceptable et se doit d’être combattu.