De l’huile dans le gaz, l'éditorial de Charaf Abdessemed

C’est toujours le même problème quand il s’agit d’une votation qui concerne l’étranger. Celui de devoir s’exprimer plus sur le symbole que sur la réalité des faits. Ce 7 mars, en plus de la problématique de l’identité numérique et de l’initiative anti-burqa (lire ci-contre), les Suisses sont appelés à s’exprimer sur un accord de libre échange entre la Suisse et l’Indonésie, attaqué par référendum.

Objectif de l’accord: supprimer les barrières douanières entre les deux pays, et donner un coup de fouet au commerce bilatéral, avec à la clé pour la Suisse un pari sur l’une des futures grandes économies émergentes d’Asie. Sans compter un pas supplémentaire et bienvenu dans la diversification de nos échanges à l’heure où se profile avec l’Union euro -péenne une négociation qui s’annonce plus que délicate.

Seulement voilà: l’accord est attaqué par un référendum, soutenu par une coalition d’antimondialistes, d’écologistes et de milieux de gauche. Leur principal grief? Le fait qu’en dépit des garde-fous environnementaux qu’il comporte, il pourrait donner un coup de fouet à l’importation de l’huile de palme en provenance d’Indonésie, avec à la clé une intensification de la déforestation dans ce pays et une concurrence déloyale pour nos producteurs d’huile de colza et de tournesol, etc.

Si l’argument mérite d’être entendu, il se heurte à deux réalités: d’une part les importations suisses d’huile de palme, après une forte augmentation dans les années 2000, ne cessent de baisser, et d’autre part l’Indonésie ne représente qu’une petite part des importations suisses d’huile de palme.

De quoi donc relativiser l’impact d’un éventuel «non» sur le sujet et de placer la votation du 7 mars sur le terrain très symbolique, mais non moins important, du refus d’une mondialisation effrénée.