«La croix symbolise à quel point Dieu nous aime. C’est ce que nous célébrons durant cette Semaine Sainte.»
Mgr Morerod, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg.
Pâques c’est dimanche. Belle occasion d’évoquer les surprenants dessous d’un projet «spirituelo-caritatif» qui cartonne. Peut-être avez-vous déjà vu ces petites croix en olivier déposées en «libre-service» au fond de telle église ou temple lausannois? Si ce n’est pas le cas, un exemplaire de cet objet artisanal produit par des chrétiens à Bethléem, pourrait ne pas tarder à arriver entre vos mains…
Car le promoteur de tout ça n’est autre que Daniel Pittet. Or, tout ce que touche ce simple catholique du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, apprécié du Pape, se transforme en or pour de bonnes actions (lire ci-dessous). Ses croix marchent déjà du feu de Dieu: 70’000 ont déjà été disséminées en Suisse en trois mois!
Inspirée du Moyen Age
«En ces temps de pandémie, ici la misère spirituelle est grande tandis qu’à Bethléem, les Chrétiens sont au bout du rouleau et ont besoin de travail pour ne pas s’enfoncer dans la misère matérielle», résume ce bibliothécaire de 60 ans apprécié du Saint-Père. Privés par la pandémie depuis mars du tourisme qui est leur source de revenu principale, les 600 familles de la communauté locale sont à la peine.
La croix s’inspire des «Pestkreuz» distribuées en Allemagne lors des épidémies de peste pour en demander la fin. Les Pittet pensent qu’elle «alimente une gigantesque chaîne d’espérance» et ambitionnent d’en distribuer une à chaque pèlerin des Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) 2023. Ces parents de six enfants jeûnent chaque soir depuis plusieurs mois et mettent à profit les 8 francs économisés pour financer les frais de port des croix. Lesquelles ont été postées dans toutes les paroisses protestantes et catholiques du pays qui les distribuent aux fidèles. Elles suscitent le plus souvent de petits dons, mais aussi parfois de bien plus importants. L’association a reçu anonymement jusqu’à 10’000 francs d’un coup!
Un projet «tombé du ciel»
Danielle Staines, diacre dans la paroisse protestante de Morges-Echichens, a par exemple commandé une centaine de croix. «Dans notre paroisse, nous transmettons un signe d’affection, juste avant Pâques, aux personnes ayant perdu un être aimé. Je préparais ces envois quand une petite croix est arrivée dans mon courrier. En la découvrant, je me suis revue place de la nativité à Bethléem devant les échoppes des artisans. Et j’ai reconnu dans cette croix un signe de Dieu m’invitant à élargir mes liens en l’envoyant aux personnes que je porte dans mon cœur et dans mes prières», témoigne la Vaudoise.
«Ce projet relève d’une belle convergence entre une aide humaine à des personnes en difficulté et un soutien spirituel réciproque, se félicite Mgr Morerod, évêque du diocèse qui a participé financièrement au projet. La croix symbolise à quel point Dieu nous aime. C’est ce que nous célébrons durant cette Semaine Sainte.»
Et George Handal, qui pilote l’initiative à Bethléem pour Caritas, de conclure: «Ici, nous appelons ces croix “Life cross”. Lorsqu’on les empoigne, on se sent protégés. Nos mourants rendent souvent leur dernier souffle avec leurs mains crispées dessus. Ce projet fait vivre 90 personnes. Il nous est tombé du ciel au moment le plus difficile et nous en sommes immensément reconnaissants!» Laurent Grabet