Ueli Maurer: "Je viens à Lausanne pour descendre de ma tour d'ivoire"

POLITIQUE • Le conseiller fédéral Ueli Maurer participera à une soirée consacrée à la fiscalité des personnes physiques le vendredi 25 février à l’hôtel Aquatis. Il devrait en profiter pour réaffirmer son soutien à Michaël Buffat, candidat UDC au Conseil d’Etat vaudois et invité à une table ronde ce soir-là. Entretien.

«Certaines villes ont des problèmes de criminalité et d’intégration des immigrés. Lausanne ne fait pas exception»

«Je vais continuer de m’engager pour la Suisse aussi longtemps que cela me fera plaisir»

Lausanne Cités: Vous serez le 25 février prochain à Lausanne, pour parler de la fiscalité des personnes physiques, vous en profiterez pour dire que les Vaudois paient trop d’impôts?
Ueli Maurer: Ce n’est pas à moi de juger si les Vaudoises et les Vaudois paient trop d’impôts. Grâce à notre système fiscal fédéral, le niveau d’imposition des personnes physiques relève en effet de la souveraineté de chaque canton. Ce sont donc les citoyens et le Parlement vaudois qui fixent les règles en matière d’imposition dans le canton de Vaud. Cela dit, une charge fiscale attrayante constitue certainement un avantage sur le plan économique.

Le 1er janvier 2024, les grandes entreprises seront soumises à un taux d’imposition minimal de 15 % imposé par l’OCDE. C’est une bonne nouvelle pour les finances publiques?
Le Conseil fédéral a décidé le 12 janvier 2022 de mettre en œuvre l’imposition minimale de l’OCDE et des pays du G20. Il est de fait que l’instauration d’un impôt minimal de 15 % diminuera l’attrait de la Suisse auprès des entreprises. C’est pourquoi nous cherchons actuellement, de concert avec les cantons, les villes et les communes, des solutions pour appliquer cette règle sans compromettre l’attrait de notre place économique. La Suisse dispose d’une marge de manœuvre financière qui lui permettrait de compenser cette perte d’attrait. Il est toutefois encore trop tôt pour faire des propositions concrètes.

Que notre pays s’aligne ainsi sur ses voisins est pour vous une source d’inquiétude?
Oui et c’est précisément sur ce problème que nous devons travailler. L’une des mesures permettant de promouvoir l’attrait de notre pays consiste à supprimer les impôts superflus. Prenons par exemple l’impôt anticipé sur les obligations. Il saborde l’attrait des obligations suisses, car il diminue les liquidités des entreprises et entraîne une lourde charge administrative. D’autres mesures seront cependant nécessaires.

Parler de fiscalité, c’est votre rôle. Mais venir à Lausanne pour le faire, vous pouvez nous le dire, c’est pour soutenir la candidature au Conseil d’Etat de Michaël Buffat, non?
J’accorde une grande importance au contact direct avec la population. Au cours des deux dernières années, les possibilités de rencontrer des gens étaient toutefois limitées. Lorsque le temps me le permet, je cherche à échanger avec les citoyennes et les citoyens de toutes les régions du pays, dans les centres urbains comme à la campagne. Car si elle ne prend pas la mesure des questions qui taraudent les gens, la politique a vite fait de se déconnecter du réel. Dans la Berne fédérale, j’ai parfois l’impression que l’on se trouve dans une tour d’ivoire et que l’on aime à gloser sur certains thèmes sans tenir compte de l’avis de la population.

Vous connaissez bien Michaël Buffat? En quoi est-il un bon candidat?
Je connais Michaël Buffat pour son travail parlementaire. Il convainc par sa préparation consciencieuse, son travail sérieux et son sens de la collégialité. Il sait aller dans les détails sans perdre la vue d’ensemble. En outre, il s’investit pleinement dans le travail d’équipe. Il s’agit d’une personne engagée qui s’intégrerait dans une autorité collégiale de façon décidée, mais juste et objective.

Revenons à Lausanne, votre président de parti Marco Chiesa l’a dit, il s’agit d’une ville peuplée de parasites, de clandestins et de criminels, vous faites le même constat?
Certaines villes de Suisse ont malheureusement des problèmes de criminalité et d’intégration des immigrés. Lausanne ne fait pas exception. Les responsables politiques ont tendance à détourner le regard au lieu d’affronter les problèmes. Finalement, ceux qui les abordent ouvertement se retrouvent cloués au pilori. Or, il est de fait que l’on ne peut pas résoudre un problème en le taisant.

L’écologie, le féminisme, le militantisme en général, on sent que toutes ces questions qui agitent surtout les villes vous fatiguent un peu…
Ces sujets sont souvent amplifiés par les médias et se muent en phénomènes de mode. Pourtant, ils ne devraient pas supplanter ou faire oublier les problèmes très concrets auxquels les gens sont confrontés dans leur quotidien. Il faut trouver le bon équilibre entre tous les sujets. En ce qui concerne la protection de l’environnement, que vous avez évoquée, je pense qu’elle est importante. Mais je considère aussi que nous ne faisons rien pour l’environnement si nous misons sur l’intervention de l’Etat. Si nous voulons œuvrer en faveur de l’environnement, nous avons besoin d’une économie de marché qui fonctionne et d’un cadre libéral qui permette l’innovation, car nous ne pourrons résoudre les problèmes environnementaux que grâce à l’innovation et au progrès.

Il y a autre chose qui vous agace, ce sont les mesures sanitaires liées à la pandémie, vous pensez que nous sommes sortis de ce long tunnel?
Il est désormais important de revenir rapidement à la normale et de tout mettre en œuvre pour surmonter les divisions au sein de la population. Un jour, nous examinerons peut-être objectivement les différentes mesures qui ont été prises et leur utilité. Il faut en tout cas espérer que nous saurons faire notre autocritique et tirer les leçons de la crise.

Une question plus personnelle, cela fait des mois que l’on parle de votre retraite, vous y pensez vraiment?
Je vais continuer de m’engager pour la Suisse aussi longtemps que cela me fera plaisir, et c’est toujours le cas. Les journalistes aiment spéculer sur des questions personnelles; contrairement aux sujets de fond, ces dernières n’exigent pas de grandes recherches.