Solutions hydroalcooliques : le nouvel or bleu

En pleine crise du coronavirus, le prix des solutions hydroalcooliques flambe et le désinfectant pour les mains fait l’objet d’une pénurie mondiale. Une demande à laquelle les pharmacies vaudoises peinent à faire face, malgré la recherche de solutions alternatives.

"Pour un petit flacon de désinfectant, 8.50 francs me semble être un bon prix aujourd’hui"

Avec l’augmentation de la demande, Covid-19 oblige, le prix des solutions hydroalcooliques explose partout en Suisse. Dans le canton de Vaud, certaines pharmacies vendent le précieux liquide jusqu’à 15 francs le petit flacon de 100ml. Un rapide tour d’horizon des pharmacies vaudoises a permis d’évaluer le prix moyen, pour cette quantité, à 8.55 francs. Un quart plus cher qu’avant la crise sanitaire. « Ces prix ne sont pas illégaux. On ne peut pas ignorer que certains pharmaciens n'ont pas joué le jeu mais ils font face à des fournisseurs qui montent les prix de façon indue », constate Yannis Papadaniel, responsable santé à la Fédération romande des consommateurs (FRC). Et alors que l’épidémie de coronavirus semble loin d’être derrière nous, la consommation de ces produits ne devrait évidemment pas décroître. Quel est donc le bon prix à payer ? « Pour un petit flacon de désinfectant, 8.50 francs me semble être un bon prix aujourd’hui, car c’est le prix actuel du marché », évalue Christophe Berger, président de la Société vaudoise de pharmacie (SVPH), qui précise que les commerces ayant fixé des prix abusifs ont été rappelés à l’ordre et respectent désormais des prix décents.

Un manque d’alternatives de production

Pour répondre à l’augmentation de la demande et proposer des prix plus raisonnables, beaucoup de pharmacies ont cherché des alternatives. L’une d’elle: la fabrication « artisanale » de solutions hydroalcooliques. « On reçoit les flacons au petit bonheur la chance et à des prix excessifs, affirme une pharmacienne veveysanne. Nous avons donc commencé à fabriquer nos propres désinfectants pour un prix légèrement plus modeste. Le problème c’est que maintenant, nous n’arrivons même plus à obtenir de matières premières ». Et plus particulièrement l’approvisionnement en l’alcool, une pénurie confirmée par le président de la SVPH et l’entreprise Alcosuisse - l’un des plus gros fournisseurs d’éthanol en Suisse -, qui se dit « dépendante à 100 % de la production étrangère ».

De son côté Fédération romande des consommateurs cherche activement des solutions locales au problème des prix. Cette dernière se targue d’avoir reçu de nombreuses propositions de producteurs locaux qui se disent prêts à fabriquer de l’alcool. « Les moyens techniques existent mais le problème c’est qu’il n’y a pas le savoir-faire et les habitudes ne sont pas installées. Cette alternative est donc une perte de temps », explique son responsable santé. Et d’ajouter, « certains vignerons seraient d'accord de vendre leurs vieux stocks mais pas à un prix bon marché ».

Une ordonnance pour fixer un prix plafond ?

Si les alternatives de production ne semblent pas évidentes, reste la possibilité d’un prix plafond fixé par ordonnance. Une fausse bonne idée selon Yannis Papadaniel de la FRC qui explique que « si l'État de Vaud fixait un prix plafond, il ne pourrait plus obtenir de matière première. Obligé de négocier ces prix plafond, le Canton se heurterait à des producteurs qui ne voudront rien savoir. ». Par ailleurs, il précise que « le Canton n’a pas vraiment les moyens d’imposer une telle mesure car il se doit de garantir la liberté de commerce ». Pourtant, c’est bien ce qu’a décidé l’État de Genève, il y a deux semaines, fixant le prix du flacon de 100 ml de désinfectant à 2.50 francs. « Une telle décision est irréaliste et irresponsable. On ne peut pas vendre à perte, rétorque Christophe Berger de la SVPH. Ou alors il faudrait que l’État subventionne les pharmacies, ce qui coûterait très cher ». L’État de Vaud ne semble cependant pas envisager une telle mesure.