Pour son directeur, Aquatis devrait être rentable d’ici 2022

Deux ans après son ouverture, l’aquarium géant enregistre moins d’entrées que prévu.

Son directeur Jean-Marc Meylan analyse les causes de ces débuts timides et défend les choix initiaux.

L’institution entend développer toute une stratégie pour booster la fréquentation.

  • Photo VERISSIMO

    Jean-Marc Meylan. (Photo VERISSIMO)

«Nous avons péché par déficit de communication»

Depuis son ouverture, Aquatis reçoit moins de visiteurs que prévu. Comment expliquez-vous cette erreur d’appréciation?

Effectivement, nous sommes en dessous de l’objectif initialement escompté mais nous avons quand même accueilli 380’000 visiteurs en première année ce qui nous positionnait au troisième rang des institutions romandes en termes de fréquentation, après le Musée Cailler et le château de Chillon. Pour la deuxième année, on tablait sur 330’000 visiteurs, et nous sommes à 20% en moins.

Aquatis ne souffre-t-il pas d’un péché originel, celui d’être implanté dans une région démographiquement trop peu importante pour assurer une fréquentation régulière?

Pas du tout. L’aquarium de Hambourg fait 450’000 visiteurs pour un bassin de population aux alentours de 2 millions d’habitants. Notre premier cercle de visiteurs s’étend de Genève à Berne en passant par Villeneuve. Nous arrivons donc à des ordres de grandeur similaires. De plus, nous enregistrons de plus en plus de visiteurs alémaniques ou des pays voisins. Voilà pourquoi nous promouvons notre complexe dans toute la Suisse et à l’international.

Le choix d’un aquarium d’eau douce avec des poissons et une faune relativement ternes n’explique-t-il pas au moins en partie le faible engouement du public?

Mais non, Aquatis n’est pas terne, loin de là! Même si l’un de nos rôles est de sensibiliser à la préservation de nos ecosystèmes locaux, nous sommes principalement ouverts sur le monde. Avec l’eau douce, les gens pensent truites, perches, brochets, alors que nous avons plus de 350 espèces qui couvrent au total les 5 continents! J’ajoute que nous avons tout de même deux bassins d’eau de mer, mais ce ne sont pas ceux qui attirent le plus.

Finalement, n’avez-vous pas vu trop grand, avec un projet surdimensionné et des charges d’exploitation énormes?

C’est un débat légitime. Il est clair que nos charges d’exploitation sont conséquentes, mais pas surdimensionnées, car il nous fallait atteindre un certain volume, tout simplement pour donner au public l’envie de venir et remplir pleinement notre rôle pédagogique! De plus, nous avons réussi à grandement optimiser nos frais d’exploitation. Par exemple, nous travaillons sur la partie machinerie pour que les importants volumes d’eau circulant dans nos aquariums nous permettent à terme de produire notre propre électricité!

Finalement, quelle erreur a été commise, pour expliquer ces débuts plutôt timides…

Nos débuts ne sont pas timides! En revanche, nos objectifs de départ étaient probablement trop ambitieux. De plus, nous avons peut-être péché par manque de communication à nos débuts. A l’ouverture d’Aquatis, nous avons consenti un gros effort, mais n’avons pas réussi à maintenir le niveau de mobilisation nécessaire, après l’effet initial de nouveauté. Nous allons donc beaucoup travailler en termes d’image pour mieux faire connaître Aquatis et ses diverses actions, notamment en termes de préservation et de sauvegarde d’animaux.

On vous a beaucoup reproché les prix des billets d’entrée, jugés trop élevés…

Nos prix sont bien positionnés, mais il faut rappeler qu’ils comprennent les 14% de la taxe sur le divertissement pour la Ville de Lausanne. Sans elle, un billet d’adulte tournerait autour de 25 francs...

A ce propos, il semblerait que vous ayez fait appel à la Ville aux pouvoirs publics pour vous subventionner.

En aucun cas! Nous ne demandons aucune subvention et encore moins une exonération de la taxe sur le divertissement qui, je le rappelle, résulte d’une votation populaire. Nous y sommes soumis comme tout le monde et c’est bien normal. En revanche, à l’instar des autres institutions de ce type, la Fondation Aquatis avec qui nous collaborons et qui soutient les activités pédagogiques et scientifiques est en droit, de par le règlement d’imposition de la Ville, de demander une rétrocession partielle de la taxe.

En dehors de la communication, comment comptez-vous améliorer la fréquentation d’Aquatis ?

Nous allons promouvoir les activités pédagogiques auprès des écoles alémaniques et romandes par le biais de la Fondation Aquatis, auxquelles nous proposerons des tarifs préférentiels. Enfin, chaque année nous organiserons des expositions temporaires, dédiées à des thèmes spécifiques. Nous pensons aussi à des partenariats avec le monde associatif ainsi qu’à des cycles de conférences pour tous les publics. Enfin un des axes importants est de travailler avec les tours opérateurs pour attirer la clientèle non locale, qui nous a plutôt fait défaut jusqu’à présent.

Finalement, quand pensez-vous parvenir à équilibrer vos comptes?

L’objectif était d’y parvenir en 5 ans, soit en 2022. C’est assez court comme échéance, mais comme j’aime le dire, à cœur vaillant rien n’est impossible!