Port du masque, tests, nombre d’infections: vrai ou faux?

POLÉMIQUE • Alors que les autorités rapportent une légère hausse des cas de coronavirus et que de nouvelles mesures ont été imposées, des spécialistes s’interrogent sur la pertinence des informations transmises à la population. Selon certains, l’augmentation des cas pourrait être artificielle et les mesures prises, notamment celle du port du masque, seraient inutiles.

«L’augmentation des cas de Covid-19 en Suisse est artificielle». Tels sont les propos du Professeur Emérite et directeur de l’institut d’immunologie médicale de l’Université de Berne, Beda M. Stadler. Alors que de nouvelles mesures fleurissent en Suisse avec l’augmentation des cas de coronavirus, cet expert exprime son incompréhension face aux décisions des autorités. «Jusqu’ici les autorités ont toujours communiqué à la population ce qui était scientifiquement juste mais aujourd’hui nous sommes confrontés à des spécialistes quasi-religieux, avec qui il est impossible de discuter», déplore ce dernier.

Le coronavirus serait donc devenu une religion. Pour certains, même une psychose. C’est le cas de l’anthropologue et spécialiste de la santé publique, Jean-Dominique Michel, qui condamne une absence de prise en considération des réalités. «Nous avons affaire à une augmentation des cas qui n’est pas contrastée du tout, ni exponentielle et bon nombre d’informations complémentaires ne sont pas données à nos concitoyens», explique Jean-Dominique Michel.

L’une de ces informations, c’est le nombre de tests effectués chaque jour. Celui-ci est en effet passé d’environ 4000 tests par jour à plus de 10’000, depuis la dernière semaine du mois de juin, selon les chiffres transmis par l’Office fédéral de la santé publique. Face à cette réalité, le Professeur d’immunologie de l’Université de Berne s’interroge: «Durant les deux premières semaines du déconfinement de juin, la Task-Force de la Confédération n’a presque pas travaillé. C’est tout à coup qu’elle s’est mise à augmenter le nombre de tests et à alerter sur une hausse des cas, pourtant concomitante. C’est une bêtise et je me demande qui a pris la décision politique de soutenir cette méthode. Le seul moyen de savoir si les cas montent vraiment serait de redescendre à 4000 tests par jour». Contacté, l’Office fédéral de la santé publique n’a pas souhaité commenter ces propos.

Une immunité élevée

Ces propos interrogent. Notamment sur l’inquiétude suscitée par une éventuelle deuxième vague, puisque l’augmentation actuelle des cas ne semble pas scientifiquement fondée. «Aujourd’hui, le risque d’une deuxième vague est quasiment nul. En plus, l’immunité dans la population est beaucoup plus élevée que ce que l’on nous dit», explique Beda M. Stadler. Des déclarations qui s’appuient sur une cinquantaine d’études qui ont révélé une immunité au sein de la population, acquise en combattant d’autres infections à coronavirus semblables. L’une d’elles, a été menée à Bellinzone par une équipe de chercheurs. Beda M. Stadler l’a lue et explique que celle-ci suppose une immunité acquise dans 65%, voire 70% de la population. Il explique, en outre, qu’une personne immunisée peut être malgré tout testée positive au Covid-19 durant quelques jours, pendant que son corps combat l’infection. «Mais dans ce cas, les études démontrent que la personne n’est pas contagieuse. Par ailleurs, même les patients les plus atteints ne sont pas toujours contagieux, suivant où est logé le virus», ajoute-t-il.

Pour autant, la tendance du virus ne tend pas à sa disparition et le spécialiste révèle qu’il reviendra dès l’automne car il se comporte comme un virus saisonnier. D’ailleurs, en Amérique du Sud, l’arrivée de l’hiver a fait exploser soudainement le nombre de cas. «Mais il faut préciser que le virus reviendra de façon beaucoup moins virulente car il est en train de muter. Cela est à l’évidence le cas aux Etats-Unis où le nombre d’infections augmente fortement, sans que cela n’affecte la courbe des décès», explique Beda M. Stadler.

Des mesures anxiogènes

Mais alors pourquoi les autorités continuent-t-elles de prendre des mesures, si la situation n’est pas si inquiétante? «Aujourd’hui, personne ne sait réellement quelles ont été les mesures qui ont fonctionné. Je crois que nos autorités sont en train de chercher des mesures qui justifient le ralentissement de l’épidémie afin de s’en attribuer le succès», soupçonne le professeur en immunologie. Selon Jean-Dominique Michel, ces nouvelles mesures sont surprenantes: «Autant je comprenais que dans l’urgence et l’incertitude on puisse prendre des mesures vigoureuses. Mais il n’existe aujourd’hui aucune raison objective d’imposer quoi que ce soit. Le fait de voir les mesures d’exception se cristalliser sur la durée est inquiétant», rapporte l’anthropologue. Il en va notamment de l’obligation du port de masque, imposée dans les transports publics, par la Confédération et dans les magasins, par certains cantons.

«J’ai toujours été en faveur du port du masque pour les gens qui présentent des symptômes. Mais l’imposer dans les transports publics est vraiment ridicule et inutile. La population est naïve de croire que c’est efficace car on sait que cette mesure n’évite qu’1% des transmissions.», fulmine Beda M. Stadler. Une cohorte d’études comparatives, analysées par le professeur en physique canadien, Denis Rancourt, vont dans le sens de ces propos. Celles-ci supposent que les masques sont inefficaces dans les cas de virus respiratoires. Selon le physicien, les récentes études qui démontrent l’efficacité des masques sont biaisées et ne prennent pas en compte le mode de transmission par aérosol, propre aux virus respiratoires. «Cette mesure aura pour effet de faire davantage paniquer la population en lui faisant croire que le danger est à chaque coin de rue», conclut Jean-Dominique Michel.