«Nous venons de lancer une campagne mettant en avant le statut de “Best small city in the world’’ que nous a décerné le prestigieux magazine «Monocle» en 2019, mais aussi en vantant le côté nature de notre ville»
La Covid-19 va-t-elle contraindre une majorité de Suisses à partir en vacances dans leur pays? Il y a quelques semaines, l’affirmative s’imposait. Avec la rouverture des frontières entre notre pays et l’UE le 15 juin, les choses se sont tempérées. Un sondage réalisé récemment par Tamedia affirmait que seuls 19% des Suisses resteraient chez nous cet été.
«Je pensais rester en Suisse, mais j’irai finalement en France en famille comme prévu», confirme un lecteur. Le déconfinement, l’éloignement de la sombre perspective d’une seconde vague virale réveille les envies de France, d’Italie, d’Espagne ou de Grèce. Et le fait que la Suisse demeure un «îlot de cherté» les attise…
Tourisme intérieur en hausse
A l’instar de Parahôtellerie Suisse, les professionnels s’attendent tout de même à «une augmentation du tourisme intérieur, insuffisante toutefois pour compenser la chute des clients internationaux».
Le Valais, le Tessin et les Grisons, cantons traditionnellement les plus attractifs, seront les premiers à en bénéficier. Début mars déjà, alors que le coronavirus semblait sous contrôle, le traditionnel baromètre TCS des voyages montrait que 37% des sondés adapteraient leurs voyages à la pandémie. Cette proportion s’est vraisemblablement envolée depuis. La Suisse en profitera un peu.
Début juin, les campings du TCS affichaient déjà 70% de réservation de plus par rapport à la normale de cette saison. Les campings lacustres comme celui de Morges (VD) sont pris d’assaut. Les professionnels du tourisme relèvent qu’une proportion importante de Suisses se montrent soucieux de choisir des lieux de villégiature permettant un retour rapide en cas de crise. Cela joue en faveur des destinations helvétiques qui innovent pour séduire plus.
La «Best small city in the world»
«Dès début avril, les gros Tour operators ont mis sur pied des séjours de 2 à 3 jours, coûtant de 400 à 1000 francs et permettant de vivre des expériences en Suisse. Genève ou encore le Lavaux proposent par exemple des visites couplées à des dégustations», relève Alexandre Python, fin connaisseur du secteur et fondateur de l’agence de voyage genevoise «Ad Gentes», basée également à Montreux (VD). Même Airbnb, célèbre site de location de particulier à particulier, se montre créatif. Certains hôtes suisses y proposent par exemple un cours de voile sur le Léman ou de cuisine locale en plus du logement.
Lausanne Tourisme s’est recentré sur le marché suisse délaissant temporairement un peu le tourisme d’affaire. «Nous venons de lancer une campagne en Suisse allemande mettant en avant le statut de “Best small city in the world’’ que nous a décerné le prestigieux magazine «Monocle» en 2019 mais aussi en vantant le côté nature de notre ville», résume Steeve Pasche. Pour le directeur de Lausanne Tourisme, la météo sera décisive car la crise renforce la tendance des réservations de dernières minutes.
Le Canton met le paquet
Les prix joueront évidemment un grand rôle aussi. Ainsi, la semaine passée, le canton de Vaud encourageait le mouvement en débloquant 15 millions pour offrir 20% de rabais dans tous ses hôtels, restaurants et autres attractions touristiques.
Avec tout ça, pour beaucoup d’Helvètes, les vacances 2020 seront suisses ou ne seront pas... Une inconnue de poids subsiste cependant pour les acteurs concernés: comment le marché suisse se partagera-t-il ce gâteau de consolation?