Le Sasha club au bord du précipice

- Amendé à huit reprises par la police municipale et régulièrement contrôlé, le Sasha club risque la fermeture.
- Pour tenter de sauver leur établissement, Vanessa Crotti et Paolo Moreira, responsables du lieu, multiplient les recours.
- Le conseiller municipal Marc Vuilleumier et la police assurent appliquer une politique égale pour tous les établissements de la scène nocturne.

  •  Vanessa Crotti et Paolo Moreira, responsables du lieu, multiplient les recours. verissimo

    Vanessa Crotti et Paolo Moreira, responsables du lieu, multiplient les recours. verissimo

«Nous avons déjà reçu six amendes pour des motifs fantaisistes» Vanessa Crotti

Une ambiance bon-enfant règne au Sasha club, discothèque de la rue de la Borde ouverte la nuit du jeudi au dimanche. Les clients s’y rendent souvent en famille pour trinquer entre amis, lors de soirées all-style ou portugaises. La musique rappelle les bons souvenirs du pays ou de jeunesse et génère l’euphorie générale dans un public venu s’offrir un moment de détente. Des bagarres? Aucune, mise à part l’engueulade d’un couple en état d’ébriété il y a quelques mois.

Interventions policières

Des plaintes de la part des voisins, résidents de cette zone à habitation prépondérante? «Pas particulièrement», concède Sébastien Jost, porte-parole de la police lausannoise. Pourtant, c’est à quelques francs de la faillite que Vanessa Crotti et Paolo Moreira, responsables de l’établissement depuis ses débuts en 2012, prennent contact avec le «Lausanne Cités». A bout de forces après plus d’un an de bras de fer avec la Ville, - litige en cours au Tribunal civil depuis la mise en place des mesures restrictives pour la vie nocturne début 2013 - les tenanciers font une dernière tentative pour sauver leur club.

«Nous avons l’impression d’être pris pour cible, soupire Vanessa. Il ne se passe pas une semaine depuis mai sans que nous ne soyons contrôlés ou que la police fasse une intervention surprise. Nous avons déjà reçu huit amendes pour des motifs fantaisistes, qui allaient d’une sonorité trop élevée à une fermeture tardive. En ce moment, la Ville intensifie ses efforts contre notre club.» Un constat qui semble fondé…

Pas de relogement

Contraint de fermer leurs locaux à 3h au lieu de 5h – contrairement au Vinyl club, qui se trouve à 200 mètres et qui a obtenu gain de cause suite à son recours – les gérants se sont également vus refuser la possibilité d’être relogés, mesure municipale qui serait en cours auprès de deux autres discothèques ayant fait la demande. «La réponse de la Ville a été sans appel. Elle nous a informé qu’elle n’avait aucune obligation de nous trouver des locaux, sans autres explications.»

«Pas d’acharnement»

Contacté, Marc Vuilleumier, conseiller municipal notamment en charge de la police du commerce, assure qu’il s’agit d’un malentendu. «La municipalité n’a aucune volonté de nuire à un établissement en particulier, souligne-t-il. D’ailleurs, ce n’est pas la Ville qui décide de l’issue d’un recours, mais la justice.» Avant de reconnaître que «les juges ont ces derniers temps confirmé certaines décisions de la Municipalité.» Quant à la fréquence des contrôles, elle est la même pour tous. «Une série de vérifications a été effectuée dans tous les établissements nocturnes, explique Sébastien Jost. A noter que nos agents font des patrouilles la nuit et peuvent intervenir à tout moment en cas de nécessité. Si des policiers constatent une infraction, comme par exemple une fermeture tardive, ils interviendront et dénonceront le cas.»

Vente difficile

Aujourd’hui souhaitant vendre son établissement, l’équipe du Sasha club se retrouve face à un nouvel obstacle: la perte d’attractivité commerciale du lieu. Un acheteur intéressé s’est retracté début juin suite à un échange téléphonique avec le Service du commerce.

«Je gère des établissements depuis longtemps à Genève et je connais mal la scène lausannoise, explique l’homme, qui préfère rester anonyme. Je me suis renseigné et on m’a fait comprendre que je n’aurais jamais une autorisation pour ouvrir jusqu’à 5h si je reprenais l’établissement. J’ai donc renoncé à l’acheter.» Des déclarations qui ne présagent rien de bon pour l’avenir du lieu.