Lausanne ne compte que huit doubles bornes de recharge communales pour les voitures électriques! Selon que l’on inclue ou non les communes voisines, une quarantaine à une huitantaine d’autres bornes privées grossissent cette statistique. Laquelle semble bien modeste sachant qu’en janvier, la municipalité annonçait vouloir faire dès 2030 de la capitale vaudoise la première ville sans véhicule à essence ni diesel du pays dans le cadre d’un plan climat ambitionnant aussi de faire chuter de 35 à 15% (une fois le 100% électrique atteint) l’usage de la voiture individuelle.
«Certes, le nombre de bornes est encore bas mais nous nous livrons à une analyse approfondie des lieux vraiment pertinents sur le long terme avant d’en installer tous azimuts», explique Xavier Company, municipal vert en charge des Services industriels. L’édile confesse ne pas encore être au clair sur le nombre de bornes nécessaires pour atteindre l’objectif du zéro voitures d’ici huit ans. Mais il précise qu’à brève échéance, dix à vingt nouvelles bornes communales viendront étoffer le parc sur le domaine public. Il indique aussi qu’une nouvelle borne s’installe rapidement. Côté coûts, une borne de recharge revient entre 3000 et 7000 francs, tandis que les travaux de génie civil et de raccordement s’élèvent à environ 20’000 francs l’unité.
Réseau électrique trop peu puissant
Reste que le problème n’est pas tant le nombre de bornes que la puissance du réseau capable de les alimenter, surtout à l’heure où le conseiller fédéral Guy Parmelin vient de mettre en garde contre de possibles pénuries électriques dès 2025. «L’actuel réseau n’est pas encore dimensionné pour une vaste mobilité électrique», constate Stefan Lendi, directeur marketing de Green Motion, leader suisse des bornes de recharge, fondé en 2009, riche de 80 collaborateurs et basé au Mont-sur-Lausanne. «Le prochain préavis de financement de l’entretien du réseau électrique tiendra compte de cet indispensable renforcement, rassure Xavier Company. En outre la gestion intelligente et centralisée des bornes permet d’ajuster en permanence l’énergie distribuée en fonction de la puissance disponible.» A l’échelle nationale, la conversion du parc automobile actuel en un parc électrique exigerait 20 à 25 % d’électricité en plus, selon l’Institut Paul Scherrer.
Une inévitable lame de fond?
Comme Stefan Lendi, Xavier Company estime que la «lame de fond de l’électromobilité» est lancée et que ce mouvement rendra les adaptations inévitables et rapides. Aujourd’hui, plus de 15% des voitures neuves achetées sont électriques. «Cette transition est allée beaucoup plus vite que prévue. Même si nous sommes encore dans un marché de précurseurs, le point de bascule devrait être atteint entre 2025 et 2030 sachant qu’en Suisse, le parc automobile se renouvelle en environ cinq ans», analyse Stefan Lendi dont l’entreprise a une offre pour rendre les bâtiments indépendants du réseau électrique, en combinant de l’énergie verte à du stockage.